mercredi, décembre 31

  • Ils sont magnétiseurs, naturopathes ou hypnotiseurs, et certains entretiennent la confusion avec la médecine véritable, devenant parfois la dernière lueur d’espoir de patients gravement malades.
  • Dans le cas de Paul, l’influence de l’un d’entre eux l’a maintenu dans son déni, jusqu’à l’issue fatale.
  • Sa compagne témoigne dans un reportage de « Sept à Huit Life ».

Suivez la couverture complète

Sept à huit

Ils sont magnétiseurs, naturopathes ou hypnotiseurs. Ces nouveaux guérisseurs ont remplacé les rebouteux d’antan, et séduisent des patients en quête d’alternative ou d’une lueur d’espoir, comme on peut le voir dans la vidéo en tête de cet article, replay d’un reportage de « Sept à Huit Life » diffusé dimanche dernier. Mais ces pratiques ne sont pas sans risque, quand elles tendent à se substituer à la médecine. Parmi les personnes rencontrées par l’équipe du magazine de TF1, Camilla raconte comment son compagnon, atteint d’un cancer, a subi l’emprise d’un naturopathe qui l’a entretenu dans son rejet de la médecine, jusqu’à l’issue fatale. Le charlatan a été condamné, mais continue pourtant d’exercer, ont constaté les journalistes.

Les signalements dans le domaine de la santé et du bien-être arrivent en tête du dernier rapport (nouvelle fenêtre) de l’organisme officiel de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), dépassant désormais ceux concernant les cultes et la spiritualité. Avec comme premières victimes les malades du cancer. C’était le cas de Paul, le compagnon de Camilla, décédé en 2018, après avoir suivi le traitement d’un naturopathe. 

À 39 ans, en 2016, Paul découvre qu’il est atteint d’un cancer des testicules, qui se soigne dans 97% des cas (nouvelle fenêtre) s’il est localisé, et à plus de 70% pour les formes métastatiques. Mais hostile à l’idée de se faire opérer et de subir une éventuelle ablation, ce chef d’entreprise, passionné de produits bio, est séduit par le discours de Miguel Barthéléry. Ce naturopathe se présente comme diplômé d’Harvard, et titulaire d’un doctorat en recherche moléculaire. « Son idée, c’est d’affamer la tumeur et de la faire disparaître. Il lui a fait un plan de santé qui consiste à faire des jeûnes suivis de purges, et aussi un mélange d’huiles essentielles, d’élixirs, de synergie », décrit Camilla. 

En neuf mois, Paul passe de 80 à 59 kilos, et ses poumons se couvrent de métastases. Camilla est impuissante. « J’ai tout essayé, c’est-à-dire que j’ai essayé le chantage en lui disant que j’allais le quitter, au tout début, que je n’allais pas supporter ça, ni de le voir mourir. Je pleurais, parfois je hurlais ». Elle essaie aussi « de le convaincre de manière rationnelle, mais ce n’était plus possible en fait parce qu’il était dans le déni, et dans ce déni, il était entretenu par Miguel Barthéléry », assène-t-elle. 

« Il m’a demandé pardon parce qu’il ne m’avait pas écoutée »

Alors que Paul est placé sous oxygène, Miguel Barthéléry persévère. Voici un extrait de leurs échanges par SMS. Paul lui écrit : « Je suis à l’hôpital. Les deux options qu’ils me proposent : transfert pour chimio à Angoulême ou Bordeaux ». Le naturopathe lui répond : « Ou alors, tu décides de vidanger ton système lymphatique sérieusement, c’est ta troisième option », proposant clairement une alternative à la parole médicale. Paul finit par accepter une chimiothérapie, mais il est déjà trop tard. 

« À quelques heures de mourir, il m’a demandé pardon parce qu’il ne m’avait pas écoutée », se souvient Camilla. « Je trouve que c’est horrible de mourir comme ça, de mourir en demandant pardon parce qu’on a fait le mauvais choix », analyse-t-elle aujourd’hui. Camilla a porté plainte en 2021. Miguel Barthéléry a été condamné en première instance, puis en appel en 2023, à deux ans d’emprisonnement avec sursis, et interdiction d’exercer comme naturopathe. 

« Je témoigne pour qu’il soit mis hors d’état de nuire »

Mais le pseudo-thérapeute, qui serait actuellement en Inde, n’a jamais interrompu ses consultations, qu’il pratique à distance en toute illégalité. Il propose même une retraite de naturopathie en Inde. L’équipe de « Sept à Huit Life » a pu joindre son assistante. « Je continue à prendre des rendez-vous pour Monsieur Barthéléry et je ne m’en cacherai pas », affirme-t-elle tout d’abord au téléphone, assurant que « l’affaire n’est pas terminée puisque ça se poursuit en cassation ». Quand on lui rappelle que l’affaire est jugée et close, elle maintient : « Non, elle n’est pas close. La preuve, si je réponds au téléphone, c’est qu’il ne fait pas ça dans l’illégalité, sinon ce n’est pas vous qui m’appelleriez, c’est la police »

« J’ai devant moi le papier de la Cour de cassation disant que la décision est définitive », insiste la journaliste. L’assistante bat alors en retraite : « Est-ce que vous avez la possibilité de me l’envoyer parce que lui, visiblement, ne l’a pas reçu ? ». Cela fait pourtant plus de deux ans que le naturopathe a été déchu de son pourvoi en cassation, et est donc interdit d’exercice. « Aujourd’hui, je témoigne pour que Miguel Barthéléry soit mis hors d’état de nuire, puisque rien ne l’arrête, et surtout qu’il arrête de faire des victimes », conclut Camilla. L’intéressé n’a jamais répondu aux sollicitations de « Sept à Huit Life ».

La rédaction de TF1info | Reportage « Sept à Huit Life » : Julie DULAC, Marie DEMARQUE et Tony CASABIANCA

Share.
Exit mobile version