Nommé Premier ministre jeudi dernier, Michel Barnier a désormais la mission de composer un gouvernement.
Mais avec qui, alors que plusieurs partis ont déjà prévenu qu’ils ne souhaitaient pas y participer ?
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Michel Barnier nommé Premier ministre après 51 jours d’attente
Selon ses propres mots, il est chargé de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays ». Mais avec qui ? Nommé jeudi dernier à Matignon par Emmanuel Macron, Michel Barnier consulte pour parvenir à la composition d’un gouvernement. L’extrême droite et les membres du Nouveau Front populaire ont déjà fait savoir qu’ils n’y participeraient pas, le camp macroniste et les dirigeants LR assurent qu’ils n’iront pas à tout prix. La tâche s’annonce compliquée pour le nouveau chef du gouvernement.
Dans l’idéal, toutes les couleurs politiques seront représentées au sein du futur gouvernement. C’est en tout cas ce qui serait le plus logique pour se rapprocher au plus près de la composition de l’Assemblée nationale, divisée en trois blocs : extrême droite, camp présidentiel et Nouveau Front populaire. Mais dans la réalité des faits, la chose est loin d’être gagnée. Prenons d’abord l’extrême droite. Si le Rassemblement national a joué un rôle d’arbitre dans la désignation de Michel Barnier et s’il assure qu’il ne censurera pas a priori le nouveau chef du gouvernement, il a déjà prévenu qu’il ne participerait pas au gouvernement. Marine Le Pen l’a déjà assuré, le député Thomas Ménage l’a répété ce lundi. « Nous ne pouvons pas participer à un gouvernement avec M. Barnier, puisque nous sommes dans l’opposition et que nous ne partageons pas le même programme et les mêmes positionnements politiques », a-t-il déclaré.
« Aucune personnalité du PS ne sera dans son gouvernement »
Du côté du Nouveau Front populaire (NFP) c’est niet également. Si Michel Barnier s’est dit ouvert à la présence au gouvernement de « gens de gauche », il ne pourra pas compter sur eux. « Aucune personnalité du PS ne sera dans son gouvernement, je n’ai aucun doute là-dessus », a assuré le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Communistes, écologistes et insoumis sont sur la même ligne. Le NFP a plutôt prévu de déposer une motion de censure quel que soit le contenu du discours de politique général du chef du gouvernement. Même des socialistes anti-NFP seraient refroidis par la non-nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon. Les personnalités de gauche d’accord pour gouverner seraient rares, on évoque Arnaud Montebourg ou Manuel Valls.
Le gouvernement de Michel Barnier devrait donc comprendre essentiellement des personnalités issues de sa future majorité, à savoir le camp présidentiel (Renaissance, Horizons, MoDem), la droite et le groupe centriste Liot (Liberté, Indépendants, outre-mer, territoires). Le chef des députés macronistes Gabriel Attal a déjà prévenu qu’il n’y aurait de leur part « ni volonté de blocage, ni soutien inconditionnel ». Plusieurs ministres actuels aimeraient rester, par exemple Stéphane Séjourné ou le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, qui convoiteraient tous les deux le poste du premier, à savoir le Quai d’Orsay. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, issu de la droite, et la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, qui fut comme Michel Barnier ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, convoiteraient un ministère régalien.
Des personnalités issues de la société civile ?
La pioche pourrait aussi se faire chez les députés ou élus Horizons, qui seront « nombreux à aider », selon leur chef Edouard Philippe. Pas vraiment idéal toutefois pour incarner les « ruptures » annoncées par le Premier ministre. Michel Barnier pourra aussi compter sur sa famille politique pour compléter son casting, même si le patron Laurent Wauquiez l’avait exclu dans un premier temps. Les noms du patron des sénateurs Bruno Retailleau, du médecin et patron des Républicains dans les Hauts-de-Seine Philippe Juvin ou encore de la numéro deux du parti Annie Genevard sont cités.
Enfin, faudra-t-il aller chercher parmi les hauts fonctionnaires ou les personnalités issues de la société civile ? Le nom du gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau est parfois avancé pour redresser le budget, chantier prioritaire de Michel Barnier, Bruno Le Maire souhaitant quitter le ministère de l’Économie avec sept ans de bons et loyaux services.