mercredi, janvier 1

L’an dernier, 90 % des vols de voitures se sont faits… sans effraction.
Il faut dire qu’à l’ère du tout électronique, ouvrir une voiture est devenu un jeu d’enfant pour les malfaiteurs.
Comment se protéger de ce nouveau mode opératoire ?

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LE WE 20H

La scène s’est déroulée à la fin du mois d’août. Artour Ovcepian, gérant d’un garage automobile à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle), constate qu’une de ses voitures a disparu. « On voit la grille cassée, on voit un trou dans le parc, on comprend direct », dit-il dans la vidéo ci-dessus. Tout de suite, il visionne les images des caméras de vidéosurveillance qui ont tout filmé. Il raconte la scène : « Là, c’est le moment où ils arrivent. Ils se garent juste devant, sortent de la voiture et rentrent à deux. Et puis, ils vont venir jusqu’à la voiture. En fait, c’était vraiment ciblé », détaille-t-il. 

Ils ont piraté le système, ont réussi à démarrer la voiture et ils s’en vont avec.

Artour Ovcepian, gérant d’un garage automobile à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle)

Mais les voleurs ne cherchent pas à récupérer la clé dans les locaux. « Ils cassent la petite vitre à l’arrière », poursuit-il. Les voleurs vont en fait pirater le système électronique de la voiture pour programmer une nouvelle clé. « Ils sont montés dans le véhicule, on voit que le tableau de bord s’est allumé comme s’ils avaient la clé, tout simplement. Ils ont piraté le système, ont réussi à démarrer la voiture et ils s’en vont avec », ajoute-t-il. En moins d’une heure, les malfrats repartent avec la voiture d’une valeur de 17.000 euros et un double des clés qui fonctionnent parfaitement. « Après les faits, j’ai eu un confrère garagiste au téléphone. Il m’a dit qu’il avait exactement le même modèle. Il se l’est fait voler il y a deux mois avec la même technique », précise Artour.

Cette technique a un nom : le « mouse jacking » (vol à la souris, en français). Elle nécessite de nouveaux outils pour des voleurs de plus en plus connectés. Comme un petit appareil qui ressemble à une enceinte Bluetooth, mais qui est en réalité un boitier de piratage, capable de démarrer certaines voitures. Sur internet, on peut se le procurer pour quelques centaines d’euros. Les escrocs les plus aguerris, eux, n’ont même plus besoin de rentrer dans le véhicule. Sur les images en tête de cet article, on peut par exemple voir un homme capter le signal de la clé électronique située à l’intérieur d’une maison. Puis, il la transmet à son complice qui ouvre la voiture et la démarre en quelques secondes. 

Un antivol électronique

Preuve que cette méthode est largement répandue chez les malfrats : l’année dernière en France, 90% des vols de voitures auraient été réalisés sans la moindre effraction. À Loss (Nord), l’entreprise Norauto, spécialiste de l’équipement automobile, a donc décidé de créer son propre antivol électronique. Une fois installé, ce petit boitier bloque la programmation d’une nouvelle clé. « Ça va pas dissuader les voleurs à vouloir intervenir sur le véhicule. Par contre, en voulant connecter leur boitier, ils vont vouloir communiquer avec la partie électronique de la voiture. Ils vont à chaque fois essayer, mais ils vont perdre leur temps puisqu’ils vont voir qu’ils n’y arrivent pas », explique David Szulkowski, chef d’atelier. Tout compris, la pose de ce boitier coûte un peu plus de 300 euros et le dispositif attire de plus en plus d’automobilistes. « Bien souvent, ce sont des personnes qui ont subi ces vols de véhicules et qui viennent anticiper la chose en faisant installer ce boitier-là », admet-il, précisant qu’il en pose « chaque semaine ».  

Mais cet antivol électronique ne protège pas contre une autre arnaque, cette fois au brouilleur de fréquence. Le principe : vous sortez de votre voiture, appuyez sur la clé pour la verrouiller, mais un malfaiteur active un inhibiteur de fréquences. Il brouille ainsi le signal entre la clé et la voiture qui reste ouverte. Sur l’autoroute AP-7 qui relie la France à Barcelone et où les vols sont très nombreux, la police catalane a recensé plusieurs cas ces derniers mois. En mai dernier, elle a interpellé deux hommes qui opéraient sur des parkings et profitaient de l’inattention de certains automobilistes pour aller voler des objets de valeur dans leurs voitures. Lorsqu’ils ont été arrêtés, les policiers ont trouvé sur eux des ordinateurs, une carte de crédit, des montres et un brouilleur de fréquence. « Il y a plus de touristes qui empruntent cette autoroute. Ce sont eux les principales victimes. C’est ce que recherchent les malfaiteurs », assure Raul Oliva, chef de l’unité opérationnelle de mobilité à Gérone en Espagne.

Pour ce type de vols sans effraction, et en l’absence de preuves, votre assurance peut refuser de vous indemniser. Un conseil donc, vérifiez systématiquement que votre voiture est bien fermée. 


V. F | Reportage : Antoine Bourdarias et Théo Fribourg

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