Nouvelle tendance de développement personnel en vogue, le manifesting fait fureur sur les réseaux sociaux auprès de la Gen Z.
Cette technique d’auto-persuasion s’inspire de la « loi de l’attraction » et de « la pensée positive ».
Selon les adeptes de cette croyance New Age, le manifesting serait la clé du succès pour transformer une pensée en réalité.
Technique d’auto-persuasion, le « manifestating » (manifestation en français), aurait pour but d’attirer les bonnes choses dans sa vie : le job de rêve, la richesse, le grand amour. Version 2.0 de la « loi d’attraction », cette tendance prône la pensée positive et assure qu’il est possible de prendre le contrôle de sa vie en étant très optimiste. Comment ça fonctionne ? Tout simplement en se persuadant : « je mérite ce CDI » ou « je mérite le partenaire parfait ».
Je pense, donc je réussis ?
Hérité de la pensée New Age, le manifesting est particulièrement plébiscité par la Gen Z, surtout depuis la crise sanitaire. Pendant la pandémie, les recherches Google « manifesting » auraient augmenté de 500 % selon Le Soir. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, le mot dièse atteint 56 milliards de vues et presque 5 millions de publications. Pour Gabriele Oettingen, chercheuse en psychologie à l’université de New-York et de Hambourg, « cette aspiration à la réalisation de souhaits par la pensée positive découle des besoins des personnes, des choses que nous pensons ne pas avoir ». Interrogée par Marie-Claire, elle explique : »Nous savons que les fantasmes positifs et les rêves d’avenir découlent de ce qui nous manque« . Le principe du manifesting reposerait donc sur l’idée que les pensées positives attirent les expériences positives et a contrario, les pensées négatives attirent les expériences négatives.
Une tendance dangereuse pour la santé mentale
À force de se persuader que des choses positives vont nous arriver, on est dans une situation d’attente. Et lorsque cela n’arrive pas, la désillusion peut être si grande qu’elle peut mener à la dépression et à l’auto-flagellation, notamment chez les personnes à la santé mentale fragilisée. La psychothérapeute Whitney Goodman explique dans The Guardian : « Je pense qu’en particulier pour les personnes qui ont été maltraitées, qui ont vécu dans la pauvreté, ou qui ont été confrontées à des difficultés traumatisantes, cela peut alimenter et approfondir cette croyance : ‘Je suis la raison pour laquelle de mauvaises choses m’arrivent’. Pour eux, les croyances sont à l’origine de ce qui arrive dans leur vie« .
Au fil de ses recherches, le Dr Oettingen a par ailleurs remarqué que les personnes pratiquant le manifesting subissait une baisse d’énergie et de motivation. Elle explique : « En trompant notre cerveau en lui faisant croire que nous avons déjà réussi, nous perdons la motivation et l’énergie nécessaires pour faire ce qu’il faut pour réussir réellement« , écrit-elle dans Rethinking Positive Thinking. Elle ajoute : « Le simple fait de rêver à l’avenir réduit les chances de réaliser ses rêves et ses souhaits (tout comme le fait de s’attarder sur les obstacles qui se dressent sur son chemin). L’acte agréable de rêver semble nous permettre de réaliser nos souhaits dans notre esprit, sapant notre énergie pour accomplir le dur travail consistant à relever les défis de la vie réelle« .
Cette quête du bonheur, du succès et de l’amour peut aussi aboutir à des dérives sectaires. Nombre de « coachs » ou de « master manifesters » vendent des programmes et promettent des techniques pour parvenir à son objectif. Or, comme le rappelle le psychologue Jean-François Vézina, interrogé par La Presse, « les gourous du manifesting vont vendre un sens facile. La quête de sens est un besoin universel, mais elle doit être répondue par la personne elle-même, et non par quelqu’un d’autre« .