jeudi, novembre 7

Auchan vit des jours très compliqués. Cette semaine, le distributeur nordiste a annoncé un projet de plan social menaçant 2 389 emplois en France sur les 54 000 qu’il emploie sur tout le territoire et la fermeture d’une dizaine de magasins. Bien que douloureuse, cette décision n’est pas une surprise au vu des difficultés du groupe depuis plus d’une décennie. « Depuis 2012, Auchan subit une baisse constante de fréquentation en magasin et une dégradation de ses résultats », indique le groupe dans son communiqué. En juillet dernier, ELO groupe, la maison mère d’Auchan dont le siège social est situé à Croix (Nord), communiquait sur une perte nette de près d’un milliard d’euros lors du premier semestre 2024. La faute à un modèle obsolète qui ne répond plus vraiment aux envies des consommateurs.

Ce qui faisait jadis la force d’Auchan est désormais son talon d’Achille. Les hypermarchés, le format préféré du distributeur né en 1961, n’ont plus la cote. D’après Circana, leurs poids est passé de 41,4% en 2014 à 36% en 2024 et ce chiffre est amené à dégringoler dans les années à venir. En effet, pousser son caddie dans des magasins de 15 ou 20 000 m², souvent vieillissants, ne fait plus rêver les Français. Trop de choix tue le choix. Pour acheter un lave-vaisselle, du matériel de jardinage ou des vêtements, les consommateurs préfèrent désormais se tourner vers les enseignes spécialisées et non plus vers les hypermarchés Auchan comme c’était le cas jusqu’au début des années 2000.

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Née en 1961 dans le quartier des Hauts-Champs à Roubaix, l’enseigne à l’oiseau rouge a pris le virage de l’hyper en 1967. À l’époque, la taille des magasins était un aimant à clients, il est devenu un repoussoir. Le distributeur a sans doute eu le tort de ne pas réduire la taille de ses hypers et supermarchés plus tôt. « Les hypers, qui sont une spécificité très française, et notamment ceux d’Auchan, qui sont les plus grands du marché, ne répondent pas à la demande de rapidité, d’efficacité quand les personnes font leurs courses », explique pour La Voix du Nord Isabelle Collin-Lachaud, professeure des universités au Pôle commerce et distribution de l’IAE de Lille.

L’inflation n’a pas non plus aidé Auchan qui n’a pas pu se mêler à la guerre des prix menée par Leclerc et Lidl. « Contrairement à des enseignes comme Leclerc ou Intermarché, Auchan est propriétaire de ses magasins, ce qui limite la flexibilité en matière de réduction des coûts », souligne Nathalie Demoulin au quotidien régional, directrice académique du master management du commerce et de la grande distribution. Ses prix, trop élevés – ou pas assez bas – par rapport à la concurrence, ont pesé sur la compétitivité de l’entreprise.

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La crise sanitaire a, en outre, modifié le comportement des clients plus enclins à privilégier les circuits courts, les discounters ou encore les supermarchés anti-gaspi. Enfin, les réticences du groupe nordiste à quitter la Russie ne lui ont pas fait une très bonne publicité. Auchan exploite encore 232 magasins dans le plus grand pays du monde mais le groupe a fini par enclencher son retrait de Russie, comme l’a révélé La Lettre, fin octobre.

Cinquième distributeur français, Auchan est passé sous la barre des 10% de parts de marché selon les chiffres de l’institut Kantar. Leclerc (24,1%), Carrefour (21,4%), Intermarché (17,4%) forment toujours le trio de tête.

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