A en croire les sondages, la victoire de Hillary Clinton semblait acquise. Mais le 9 novembre 2016, le monde entier s’est réveillé avec une surprise : c’est bien Donald Trump qui avait été élu président des Etats-Unis. Depuis, la question hante les observateurs des élections américaines : à quel point peut-on se fier aux sondages publiés à la veille d’une élection ?
Dans le cas de la présidentielle de 2016, les sondages n’avaient en réalité failli que partiellement : certes, rares sont ceux qui avaient prédit l’élection de Donald Trump, en raison de la complexité du scrutin indirect qui se joue dans le collège électoral. Mais ils avaient plutôt bien prédit le score de Hillary Clinton à l’échelle nationale (le « vote populaire »), en se trompant seulement d’un point de pourcentage.
En réalité, nombre d’élections présidentielles avaient été largement moins bien anticipées par les sondages. Comme le scrutin de 2020, où Joe Biden a réalisé un score inférieur de 4 points à celui que les instituts lui prédisaient, selon les agrégations de sondages de nos confrères du New York Times. Cependant, le fait qu’il ait quand même gagné l’élection a relégué au second plan les critiques sur la fiabilité des sondages.
Dans l’histoire récente des Etats-Unis, les sondages ne se sont trompés qu’une seule fois sur le vainqueur du vote populaire, en 2000 : alors qu’ils avaient prévu une très large victoire de George W. Bush sur Al Gore, le républicain s’est retrouvé derrière le démocrate de 543 895 voix, et n’a gagné que de justesse au collège électoral (271 contre 266).
Des sondages difficiles à réaliser au niveau local
Si les sondages nationaux ne brillent pas par leur précision à anticiper ni le vote populaire, ni le résultat final, les sondages par Etat ne font guère mieux. Depuis l’élection présidentielle de 2000, les sondeurs se sont en moyenne trompés de 3,1 points dans leurs sondages par Etat, toujours selon le New York Times.
En 2016 et en 2020, les instituts de sondage ont eu de grandes difficultés à prédire le niveau du vote en faveur de Donald Trump, parfois avec de gros écarts (comme le Wisconsin en 2020, où les sondeurs avaient pronostiqué une marge de 10 points en faveur de Joe Biden, alors que celle-ci n’a été finalement que de 0,6 point).
Pour autant, les sondeurs n’ont pas attendu la candidature de Donald Trump en 2016 pour mésestimer les résultats de l’élection présidentielle, Etat par Etat. Lors des précédents scrutins, c’est plutôt le vote démocrate qui a été minoré. Les instituts de sondage se défendent en expliquant avoir identifié le problème : en 2016, ils avaient sous-estimé les réponses provenant d’électeurs et d’électrices sans diplôme universitaire, et surestimé celles des répondants diplômés.
Pour cette élection 2024, les sondeurs doivent relever un défi de taille : la participation, qui promet d’être à nouveau élevée. En 2020, la participation record (66 %) n’a pas été du seul fait des partisans du démocrate, Joe Biden, comme on le pensait alors, mais bien des deux camps, avec un très léger avantage pour le démocrate, selon le Pew Research Center – un cercle de réflexion qui étudie la démographie, les élections américaines et produit des statistiques.
Les sondeurs se sont trompés « équitablement » à propos des deux principaux camps politiques lors des deux premières décennies du XXIᵉ siècle. D’abord en sous-estimant la gauche, puis la droite dès lors que Donald Trump était en lice. Néanmoins, lors des élections de mi-mandat, en 2022, les prédictions des sondeurs ont été plus précises que jamais, selon les calculs du site FiveThirtyEight.