samedi, mai 4
La Fabrique des Luddites, à Chatte (Isère), en 2023.

A 35 ans, Hélène Bertin coche toutes les cases : une école réputée – les Beaux-Arts de Cergy (Val-d’Oise) –, une exposition au Palais de Tokyo, à Paris. Et une résidence à la Villa Médicis, la prestigieuse vitrine de la France à Rome. Ce CV cinq étoiles aurait pu la conduire à Berlin, New York ou Mexico ; Hélène Bertin a préféré vivre et travailler dans son village natal de Cucuron, dans le Vaucluse.

Tout commence par une envie physique, irrépressible, de retrouver les senteurs entêtantes de la garrigue, la lumière torride du Luberon et ses paysages arides. « A Paris, je devenais aussi grise que la ville, j’avais besoin d’espaces où mon corps se sentirait bien », se souvient la jeune femme, ragaillardie par sa nouvelle vie.

A Cucuron, deux mille habitants, Hélène Bertin se montre attentive à tout, aux légumes des maraîchers – « les plus belles sculptures qui soient » –, à la fête de l’arbre, un rituel qui lui a inspiré un conte pour enfants. Et surtout aux habitants, dont la fréquentation imprègne désormais son travail. Pour réaliser l’exposition « Magicienne de la terre », qui se tient jusqu’au 22 avril à la Galerie des enfants du Centre Pompidou, à Paris, l’artiste a ainsi embarqué dans l’aventure Ninon, une fillette de 10 ans du village.

Un outil performant

Quitter Paris n’était pourtant pas sans risque : galeristes et curateurs battent rarement la campagne en quête de talents. « Le jour où j’ai rendu les clés de mon atelier parisien, en 2019, j’ai eu un rendez-vous avec la commissaire Adélaïde Blanc, qui m’a exposée plus tard au Palais de Tokyo », raconte la jeune femme.

Pas de temps mort non plus dans la carrière de Marion Lévy, une ancienne de la troupe de danse d’Anne Teresa De Keersmaeker, installée depuis 2021 à Pommerit-le-Vicomte, une petite commune des Côtes-d’Armor. La chorégraphe y a développé un outil performant, à la fois studio de danse, atelier de fabrication de décors, salle de lecture et de concerts, sans oublier une résidence pour accueillir ses confrères. L’ensemble porte un nom plein de peps, Le Rebond, qui va bien avec son nouvel envol. « Quand on est bien ancré, le reste du corps bouge de manière plus fluide, explique la danseuse. Je cherchais un ancrage, justement, et c’est ici que je l’ai trouvé. »

Le bonheur de l’art est-il désormais dans le pré ? L’architecte néerlandais Rem Koolhaas le prophétisait en 2020 avec « Countryside, The Future ». Dans cette exposition organisée au Guggenheim de New York, le théoricien des villes braquait pour une fois le projecteur sur les campagnes, qui représentent 98 % de la surface terrestre, et leurs transformations récentes.

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