lundi, octobre 7

« Fin définitive des 35 heures », « réforme » du statut des fonctionnaires, suppression d’un jour férié… Ce dimanche 6 octobre, Gabriel Attal et Gérald Darmanin sont tous les deux montés au créneau quelques jours avant la présentation du Budget 2025.

Pour tenter d’infléchir la position de Michel Barnier qui veut notamment mettre en place une contribution exceptionnelle sur les ménages très aisés et les grandes entreprises, les deux figures macronistes ont déployé tous azimuts des pistes de réduction des dépenses, reprenant à leurs comptes des totems de Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007. Quitte à agacer dans leur propre camp.

« Ils ont ressorti des vieux vêtements du placard. Quelques-uns, pourquoi pas. Mais on peut pas reprendre tout ce qu’on entendait il y a 15 ans quand même », s’étrangle auprès de BFMTV.com un député Renaissance, issu de l’aile gauche du parti.

« Pas fan qu’on tape sur les fonctionnaires qui ont beaucoup donné »

Alors que le Premier ministre a incité l’ensemble des députés à lui transmettre « des pistes d’économie », l’ex-locataire de Matignon et l’ancien ministre de l’Intérieur ne se sont pas fait prier, eux qui refusent toute hausse d’impôt, y compris des mesures très ciblées, sans hésiter à ressortir des éléments du débat politique qui n’ont rien de très neuf.

« Le sujet en France est qu’on ne travaille pas assez », s’est par exemple agacé Gérald Darmanin, jugeant que la « bonne réponse » serait de « travailler plus », auprès des Échos ce dimanche. Une phrase qui ressemble furieusement au « travailler plus pour gagner plus », l’un des principaux leitmotivs de la campagne de 2007 et du futur président Sarkozy.

« Il faut mettre en place un deuxième jour de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique », a encore proposé le député de Tourcoing.

« Je suis pas fan qu’on tape sur les fonctionnaires qui ont beaucoup donné pendant le Covid, dans les écoles, les hôpitaux. Mais on doit tous faire un effort, sans que cela ne tourne au ‘bashing' », avance un député, proche de Gérald Darmanin.

Des économies substantielles

Une première étape avait déjà été votée par la droite en 2012 avec le non-remboursement pour les fonctionnaires des arrêts-maladie d’une journée. La mesure avait été annulée par François Hollande avant de revenir sous Édouard Philippe.

Ce dispositif, qui fait débat, a généré 134 millions d’euros en 2023 d’après un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF). Un passage à deux jours de carence permettrait d’économiser 174 millions d’euros supplémentaires sur l’ensemble de la fonction publique.

Gabriel Attal a quant à lui posé sur la table la réforme du temps de travail des fonctionnaires, appelant « à mettre tout le monde aux 35 heures ». La loi sur la transformation de la fonction publique de 2019 devait remettre à plat la durée annuelle de travail, notamment dans les collectivités territoriales.

Un rapport de l’IGF souligne cependant que son application fait souvent défaut. Un rapport du Sénat avance quant à lui qu’une heure de travail en plus pour chaque fonctionnaire permettrait d’économiser 2 milliards d’euros d’économies.

« On ressort toujours la même chanson »

Autant de pistes substantielles pour le Budget 2025 qui s’annonce particulièrement ardu à boucler entre la recherche de 60 milliards d’euros d’économies, un déficit qui dépasse les 6% et une probable adoption à l’Assemblée nationale sans vote par le 49.3

« Si on faisait appliquer la loi, on n’aurait pas besoin de ressortir des choses votées il y a 5 ans », tance pourtant un député Renaissance. « On a l’impression qu’on n’a aucune nouvelle idée, qu’on ressort toujours la même chanson ».

« Ce sont des pistes d’économies assez dures quand même. Il faut en avoir parlé avant, avoir un mandat électoral pour le faire. Et ça, nous ne l’avons pas », insiste de son côté le député Renaissance Louis Margueritte.

« Il vaut mieux que ce soit nous qui décidions de la potion à avaler »

« Des propositions de ce type, c’est pour prendre date pour plus tard, poser des idées dans le débat. Et ça correspond plutôt bien à ce que veut faire Gérald Darmanin en tentant d’incarner la droite sociale », remarque encore cet ancien directeur de cabinet adjoint à Paris.

Certains à droite ne sont pas non plus mécontents que la macronie pose ces sujets sur la table.

« Il vaut mieux que ce soit nous qui décidions de la potion à avaler, même si elle est amère, plutôt que les marchés financiers ou le FMI en cas d’explosion de notre dette », avance ainsi l’ex-député LR Pierre-Henri Dumont.

La hausse des impôts, « la première chose » que la droite met en place

Il faut dire que Gérald Darmanin et Gabriel Attal disent tous haut ce que certains pensent tout bas dans le camp des LR. De la primaire de la droite en 2021 au pacte législatif présenté par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau à l’été dernier, la question de toute hausse d’impôt, y compris pour les plus aisés, fait traditionnellement figure de chiffon rouge de ce côté-ci de l’échiquier politique.

« Cela fait des années qu’on dit qu’on ne fera pas de hausse d’impôts si on revient au pouvoir et c’est la première chose qu’on met en place. Il faut évoquer de vraies pistes d’économies quand même », soupire un poids lourd de la droite au Sénat.

Le Premier ministre a pour l’instant été plutôt flou sur ce volet, et a écarté tout « coup de rabot » dans la fonction publique, défendant « un service public de qualité ». Il a cependant promis de « simplifier le fonctionnement de l’État », sans guère plus de précision.

Michel Barnier reprendra-t-il à ses comptes certaines propositions mises sur la table par Gérald Darmanin ou Gabriel Attal? Si Bercy présente ce jeudi sa proposition de Budget, c’est davantage à l’Assemblée que le gouvernement pourrait reprendre à son compte certaines propositions via des amendements.

« Ce serait une façon plutôt intelligente de tendre la main à Renaissance », veut croire un vieux routier de l’Assemblée nationale.

Article original publié sur BFMTV.com

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