vendredi, mai 3

Donald Trump a dit lundi vouloir laisser la main libre aux Etats américains pour légiférer sur l’avortement, restant fidèle à une jurisprudence dont il est l’architecte, tout en renonçant à une interdiction nationale qui pourrait lui coûter cher à la présidentielle.

« Les Etats détermineront par vote ou par une loi, ou peut-être les deux. Quelle que soit leur décision, elle doit avoir force de loi », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur sa plateforme Truth Social, après des mois d’allées et venues sur le sujet.

De nouveau candidat en novembre face au démocrate Joe Biden, Donald Trump se targue lui-même d’avoir, par ses nominations à la Cour suprême des Etats-Unis, abouti au revirement de jurisprudence de juin 2022 qui a annulé la garantie fédérale du droit à l’avortement.

Depuis cette décision redonnant aux Etats toute latitude pour légiférer dans ce domaine, une vingtaine ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’IVG.

« Beaucoup (d’Etats) auront un nombre différent de semaines » comme durée limite de grossesse pour un avortement, a exposé le républicain dans sa vidéo lundi. « Certains seront plus conservateurs que d’autres, et c’est comme ça. Au bout du compte, c’est la volonté du peuple qui compte », a-t-il estimé.

Donald Trump a également accusé les démocrates d’être en faveur de l’avortement jusque dans les derniers mois de grossesse, et « même une exécution après la naissance ». Une affirmation sans fondement.

Dans cette vidéo longue de quatre minutes, le candidat républicain à la présidentielle de novembre ne mentionne pas la possibilité d’instaurer une interdiction à l’échelle nationale, préférant garder une certaine prudence sur cette question hautement sensible au niveau électoral.

– « Cauchemardesque » –

L’avortement représente un cheval de bataille du mouvement conservateur depuis plusieurs décennies, mais son interdiction s’est avérée grandement impopulaire auprès du grand public américain dans plusieurs scrutins récents.

Le camp démocrate n’a pas manqué de critiquer la position de l’ex-président républicain.

« Donald Trump soutient chacune des interdictions de l’avortement au niveau des Etats, y compris les interdictions sans exceptions », a asséné Ammar Moussa, un responsable de l’équipe de campagne de Joe Biden, en réponse à la vidéo du républicain.

« Et il se vante de son rôle dans la création de cette situation cauchemardesque », a-t-il ajouté.

L’association anti-avortement Susan B. Anthony Pro-Life a elle exprimé sa « profonde déception » face aux déclarations de Donald Trump.

« Les enfants à naître et leurs mère méritent d’être défendues et protégées au niveau national face à la brutalité de l’industrie de l’avortement », a déclaré dans un communiqué sa présidente Marjorie Dannenfelser.

En mars, Donald Trump avait d’abord indiqué qu’il pourrait se prononcer pour une interdiction nationale au-delà de 15 ou 16 semaines.

Mais il avait également estimé qu’il ne revenait pas à l’administration fédérale de trancher sur ces questions, mettant en garde contre le coût électoral d’une position trop conservatrice sur ce sujet éminemment sensible.

– Référendums –

Depuis la décision de la Cour suprême de juin 2022, les conservateurs ont perdu chaque référendum ou scrutin abordant la question de l’avortement.

Et ce, même dans des Etats qui leur sont d’habitude acquis, comme l’Ohio ou le Kansas.

Les démocrates de leur côté capitalisent sur ce sujet brûlant, bien conscients que la question a fait d’eux une machine à gagner — du moins dans les scrutins locaux.

La colistière de Joe Biden, Kamala Harris, se déplace régulièrement sur des campus américains dans les Etats les plus disputés de l’élection pour évoquer le sujet.

« Dans tout le pays, des extrémistes s’en prennent à l’accès des femmes aux soins de santé et aux droits reproductifs », a-t-elle encore dénoncé fin mars en Caroline du Nord, exhortant les Américains à soutenir Joe Biden le 5 novembre pour protéger l’accès à l’avortement.

A travers le pays, les démocrates ont aussi encouragé l’organisation de mini-référendums sur l’avortement dans plusieurs Etats décisifs pour la présidentielle — l’Arizona, le Nevada, la Pennsylvanie — le même jour que l’élection qui opposera Donald Trump à Joe Biden.

rle/aem

Partager
Exit mobile version