dimanche, mars 30

Gérard Depardieu est jugé depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Deux femmes l’accusent d’agressions sexuelles commises, selon elle, sur le tournage du film « Les volets verts » de Jean Becker en 2021.
Comme Amélie mardi, Sarah a maintenu ses accusations à l’audience ce mercredi, tandis que l’acteur continue de contester les faits.

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Gérard Depardieu, le monstre sacré du cinéma français dans la tourmente

Nouvelle audience mouvementée, avec une tension grandissante entre les avocats, au procès de Gérard Depardieu. Jugé depuis trois jours par le tribunal correctionnel de Paris pour « agressions sexuelle », l’acteur 76 ans a été interrogé ce mercredi 26 mars au matin sur les faits que lui reprochent Sarah*. La jeune femme, aujourd’hui âgée de 34 ans, était l’assistante du réalisateur Jean Becker sur le tournage du film Les volets verts

C’est à l’occasion de ce tournage que selon elle, comme pour Amélie, l’autre plaignante dans ce dossier, le comédien l’a agressée à trois reprises alors qu’elle l’accompagnait de sa loge au plateau. 

« Je ne vais pas m’amuser à humilier ou à toucher. Je n’ai aucun intérêt. Je n’aime pas ça. Par déconnade, je mets des claques sur les fesses des gars. Pierre Richard, c’était pareil (…). De ma propre volonté, je vais pas toucher les fesses. Même furtivement, ça ne me vient pas à l’idée », a réagi la star du cinéma, encore une fois tout de noir vêtu, après que le président venait de faire un rappel des faits. « Je ne suis pas un toucheur, ni un violeur », a-t-il ajouté peu après, assis sur le cube qui lui sert de siège à la barre. 

Sarah se souvient s’être « retrouvée coincée contre une porte »

Ça n’est pas du tout ce que pense la plaignante. Sarah, qui veut garder l’anonymat, a donné pour la première fois en public sa version des faits. Selon elle, la première agression a eu lieu le 1er septembre 2021, et non le 31 août comme elle l’avait dit dans un premier temps, entre la rue Péguy (6e arrondissement), où étaient les loges, et le boulevard Montparnasse, où était le plateau et alors qu’elle était seule avec la star. « Il m’a mis la main aux fesses. Il a posé sa main sur ma fesse. J’ai pas réagi, j’ai pas compris d’où ça sortait », a décrit la jeune femme à la barre, cheveux bruns aux épaules, petite frange, veste noire et pantalon noir à motifs blancs. 

Puis Sarah a relaté la deuxième agression. Elle se souvient s’être « retrouvée coincée contre une porte ». « Il a mis directement ses deux mains sur ma poitrine. J’ai dit ‘non' », a-t-elle relaté, précisant qu’elle avait alors « peur ». Ses souvenirs sont en revanche confus sur la troisième agression. « La troisième fois, je sais que mon cerveau ne veut pas s’en souvenir mais je sais que j’ai dit ‘non’ deux fois », a-t-elle expliqué. 

Depardieu parle de sexe, de chatte, toute la journée

Sarah, l’une des femmes qui accuse Gérard Depardieu

La jeune femme a aussi fait état de l’environnement dans lequel elle travaillait. « Monsieur Depardieu parle de sexe, de chatte, toute la journée. Il écoute tout ce qu’il se passe et il l’utilise après pour humilier les gens sur le tournage, ce qu’il a fait pour moi. Je vivais à l’époque une séparation très difficile, il se moquait de moi ».

Pourquoi n’a-t-elle pas réagi à ce moment-là ? « J’étais pétrifiée, choquée, je n’ai pas su quoi dire », a-t-elle expliqué, ajoutant être restée longtemps dans « le déni » et la « minimisation des faits ». Pourquoi n’a-t-elle pas quitté le tournage ? « Parce qu’il faut faire ses heures d’intermittent. J’ai envie et besoin de travailler. Je veux qu’on me rappelle après », a justifié Sarah.

Et pourquoi n’a-t-elle pas signalé les fait, notamment à la « référente harcèlement » sur le tournage ? « Je ne voulais pas trop que ça se sache (…) J’ai préféré gérer ça ». Sa plainte est en effet arrivée en mars 2024, un mois après celle d’Amélie. C’est d’ailleurs, selon elle, les déclarations de cette dernière dans Mediapart qui l’ont motivée aussi à se tourner vers la justice. 

Depardieu se serait excusé mais seulement pour ses « grossièretés »

Sarah avait tout de même touché quelques mots de cette agression à sa responsable pendant le tournage. C’est cette dernière qui aurait contacté la production du film pour demander des excuses à Gérard Depardieu. Au moment des excuses, Sarah a pensé que Gérard Depardieu avait pris conscience de la gravité des faits, « qu’il ne pouvait pas la toucher ». En réalité, pas du tout en fait, d’après elle. « Toute la journée après, il m’a traitée de ‘balance’, il m’a insultée, m’a traitée de ‘folle’. Il ne voulait plus que j’aille le chercher, que je l’accompagne. J’étais hyper angoissée, j’étais très mal. J’avais l’impression que j’avais fait quelque chose de mal », a-t-elle dit, bouleversée.

L’acteur a confirmé avoir fait des excuses à la jeune femme, mais pour ses mots, ses « grossièretés » et par pour des agressions qu’il conteste fermement. « Je m’excuse. Mes mots te choquent mais tu fais bien ton travail », lui aurait-il dit. « Mais M. Depardieu, elle ne dénonce pas que vos mots, mais aussi des gestes ! », a pointé le président du tribunal. « Je suis vulgaire, grossier, ordurier, je veux bien ! Mais je ne suis pas que ça ! Je respecte les gens ! », s’est indigné l’acteur. 

*Le prénom a été modifié à la demande de la partie civile. 

Aurélie SARROT

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