mardi, mai 21

Tous les prévenus ont été entendus, les interrogatoires se sont achevés lundi 29 avril. Le procès du déraillement du TGV Est, survenu à Eckwersheim (Bas-Rhin), le 14 novembre 2015, lors d’une phase d’essais préalable à l’ouverture de la ligne au public, approche doucement de son terme, prévu le 16 mai. Et si la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris s’en tenait aux déclarations des mis en cause, il lui faudrait conclure que personne n’est responsable de cet accident qui a fait onze morts et quarante-deux blessés. Ou que tout le monde l’est, mais seulement les autres.

Début avril avaient été entendus les trois prévenus présents dans la cabine le jour de l’accident : Denis T., le conducteur du TGV, Francis L. et Philippe B., deux cadres chargés de le renseigner respectivement sur les points de freinage et sur diverses particularités de la voie. Chacun s’était défaussé sur l’un ou l’autre de ses coprévenus, voire sur les deux, forcément plus fautifs que lui.

Du 22 au 29 avril, ce fut au tour des représentants des trois sociétés poursuivies de se succéder à la barre : la SNCF, Systra – filiale de la première, chargée d’organiser les essais –, et SNCF Réseau – gestionnaire de la voie sur laquelle ils se déroulaient. Trois personnes morales jugées pour homicides et blessures involontaires en raison de « manquements ayant conduit de manière certaine à des actions inappropriées de l’équipe de conduite en matière de freinage ayant été directement à l’origine de l’accident ».

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Même ambiance que lors des auditions des trois premiers prévenus, chacun déclinant toute responsabilité, et soulignant celle des camarades, le tout agrémenté, contrairement aux cheminots entendus au début du mois, d’une forte dose de langue de bois et de jargon technocratique. « Vous êtes le sixième à cette barre, et vous êtes le sixième qui nous dit : “C’est pas nous” », a fini par s’agacer Gérard Chemla, avocat de parties civiles, face au représentant de SNCF Réseau, Patrick Offroy, qui venait de passer trois heures, lundi 29 avril, à contester que son employeur ait pu faillir à ses obligations en matière de sécurité, et à répéter abondamment que Systra avait manqué aux siennes.

« Un dialogue de sourds »

Interrogée une semaine plus tôt, le représentant de Systra, Nicolas Massart, avait, lui, passé deux jours à se battre contre chacune des défaillances reprochées à sa société – dans l’évaluation des risques, la formation du personnel, le choix de la vitesse du train, la communication avec l’équipe de conduite, etc. « Vous estimez qu’il n’y avait aucune possibilité pour Systra d’avoir une quelconque influence sur la situation qui a conduit à l’accident ?, lui a demandé la présidente.

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