mercredi, décembre 24

  • Les prix à la pompe reculent fortement à la fin du mois de décembre 2025.
  • Tous les carburants sont concernés par cette baisse.
  • Ils devraient toutefois augmenter de 4 à 6 centimes par litre dès le 1er janvier 2026, en réaction à l’évolution du dispositif des « certificats d’économies d’énergie ».

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Taxes, carburants, inflation… Les Français face à la vie (très) chère

Ce sont des prix jamais vus depuis septembre et 2022. Les prix à la pompe reculent fortement en cette fin d’année 2025, et cette forte baisse concerne tous les différents carburants. La semaine dernière, en moyenne, le litre de gazole s’affichait à 1,5299 euro, selon l’État, un coût en recul de 7,1 centimes sur une semaine et de 16 centimes par rapport au précédent pic, mi-novembre dernier. Pour le diesel, le prix est au plus bas depuis mi-avril, lorsque le litre de gazole s’échangeait à 1,5281 euro en moyenne. La baisse est de 7,57 centimes en une semaine pour le SP95, à 1,6319 euro ; de 7,12 centimes pour le SP95-E10, à 1,5992 euro ; et de 6,08 centimes pour le SP98, à 1,7088 euro. 

Cette bonne nouvelle pour le porte-monnaie des automobilistes s’explique par plusieurs raisons. « La baisse des prix à la pompe est essentiellement due à un afflux de pétrole sur le marché international : les pays du Golfe ont augmenté leur production à plusieurs reprises ces derniers mois, alors que, de l’autre côté, il y a une moindre consommation de pétrole », explique sur LCI Francis Pousse, président national des distributeurs de carburants et d’énergies nouvelles du syndicat Mobilians. 

Un surplus de production inédit

Les États de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, l’Opep, ouvrent donc les vannes depuis le début de l’année. Il s’agit toutefois d’une stratégie calculée. « Ils se privent d’un certain revenu, mais ils peuvent se le permettre pendant un certain temps. Leur objectif est de reconquérir des parts de marché parce qu’ils ont limité leur production pendant plusieurs années pour soutenir le prix du baril », explique la journaliste au service international de LCI Hélène Bonnet. Les pays de l’Opep entendent également donner des gages à Donald Trump, qui veut du pétrole moins cher pour les consommateurs américains.

« Le prix du baril de pétrole recule parce que la demande est faible, notamment la demande chinoise. On a un surplus de production comme on n’en a jamais connu », abonde Nicolas Doze, éditorialiste économie sur LCI. « L’Opep est toujours dans une logique d’augmentation de la production, en tout cas pas de restriction. » Nicolas Doze rappelle que trois nouveaux gisements importants vont voir le jour prochainement en Amérique latine, au Brésil, au Guyana et en Argentine. Par ailleurs, comme le précise notre éditorialiste économique, deux autres éléments jouent un rôle dans cette baisse du prix du pétrole : « l’électrification des usages » ainsi que « la multiplication des opérations à prix coûtant ».

Une hausse attendue dès janvier

Les automobilistes vont-ils continuer longtemps à profiter de cette baisse ? Certains craignent que non. « Comme ça va bientôt augmenter, au mois de janvier je suppose, il vaut donc mieux faire le plein maintenant », déclare l’un d’entre eux interrogé dans la vidéo ci-dessus. Le carburant pourrait en effet augmenter de 3 à 6 centimes par litre dès le 1er janvier 2026.

En cause : l’évolution du dispositif des « certificats d’économies d’énergie » (CEE), un « mécanisme qui ne porte pas le nom de taxe mais qui en a toutes les allures », estime Nicolas Doze. Ce dispositif (nouvelle fenêtre) créé en 2005, qui repose sur le principe du pollueur-payeur, oblige les fournisseurs d’énergie à financer des actions de réduction de la consommation d’énergie et d’amélioration de l’efficacité énergétique. Cette obligation est revue à la hausse par le gouvernement à compter du 1er janvier prochain. De ce fait, « je m’attends à ce que les prix à la pompe augmentent (…) de l’ordre de 4 à 6 centimes par litre », a déclaré fin novembre à l’AFP Olivier Gantois, directeur de l’Union française des industries pétrolières (Ufip) Énergies et mobilités, confirmant une information de Ouest-France (nouvelle fenêtre)

Olivier Gantois a indiqué que ce dispositif pesait actuellement d’environ 11 centimes dans le prix du litre de carburant. Ils « devraient devenir 15 à 17 centimes, et ça dès le 1er janvier » 2026, selon lui.

Le poids des taxes

Nicolas Doze confirme les craintes des automobilistes concernant la hausse du prix du litre dans un peu plus d’une semaine. « Il devrait un peu augmenter, en tout cas sur la partie correspondant aux taxes ». Les taxes sur le carburant constituent une recette importante pour l’État, « étant donné que le prix du baril a énormément baissé depuis la fin de la crise Covid », rappelle sur LCI Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO France. 

Les taxes, comme la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), représentent entre 50 et 60% du prix de l’essence ou du diesel que les automobilistes payent à la pompe. Dans le détail, selon la plateforme Roole Data, qui présente des données automobiles, la TICPE représente 40,4%, la TVA 8,6%, la TVA TICPE 8%, le pétrole brut 28,6% et la distribution 14,4%. Comme le précise Anne-Sophie Alsif, ce phénomène des taxes est mis en œuvre « pour ne pas avoir de variations trop importantes du prix ». Ainsi, « plus le prix baisse, plus les taxes augmentent, en revanche, quand le prix du baril de pétrole augmente fortement, la proportion des taxes baisse ».

Julien CHABROUT

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