La justice britannique a confirmé ce jeudi 13 mars en appel les peines infligées en première instance au père et à la belle-mère de la petite Sara, condamnés fin 2024 à la prison à vie pour avoir torturé et tué la fillette anglo-pakistanaise de 10 ans.
Urfan Sharif, le père, et Beinash Batool, la belle-mère, avaient déposé un recours pour voir leur période de sûreté réduite, tandis que le parquet réclamait la perpétuité incompressible pour le premier, âgé de 43 ans.
Mais les trois juges de la Cour d’appel ont confirmé les peines prononcées fin décembre dernier par la Cour criminelle de Londres: le père ne pourra pas être libéré avant près de 39 ans de prison et la belle-mère, 30 ans, devra rester en détention plus de 31 ans.
« Un certain niveau de préméditation »
Lors du procès fin 2024, la description des sévices que le couple a fait endurer à Sara a bouleversé le Royaume-Uni. Au même titre que les occasions manquées par les services sociaux pour la sauver. En prononçant la sentence, le juge de la Cour criminelle avait qualifié de « torture » ce qu’a enduré Sara Sharif, morte en août 2023 à Woking, au sud-ouest de Londres.
Ce jeudi, la juge principale Sue Carr a reconnu que « le fait d’infliger des violences répétitives à une enfant » requiert « un certain niveau de préméditation ». Mais « nous ne sommes pas convaincus que toute peine plus faible que la prison à perpétuité soit injustement clémente » dans cette affaire, comme avancé par le parquet, a-t-elle défendu.
Elle a également rejeté les recours de trois condamnés. Outre le père et la belle-mère de Sara, son oncle de 29 ans, Faisal Malik, qui vivait avec la famille, avait lui été condamné à près de 16 ans de prison pour avoir « causé ou rendu sa mort possible ». Les actes criminels « ont été commis de manière continue et répétée pendant de nombreuses années, puis se sont progressivement aggravés », avait fait valoir jeudi le représentant du parquet dans sa déposition écrite.
Multiples sévices
L’autopsie de la fillette a révélé une centaine de blessures dont un traumatisme crânien, de multiples fractures, ecchymoses et cicatrices, des traces de brûlure et des marques de morsures humaines. Pendant des mois, elle a subi des coups assénés avec une batte de cricket, des brûlures au fer à repasser ou à l’eau bouillante. Sa tête a également été emprisonnée dans une cagoule faite de sacs en plastique. Les sévices s’étaient intensifiés quelques mois avant la mort de la fillette qui avait été retirée de l’école par son père en avril 2023.
Le lendemain de sa mort, son père, sa belle-mère et son oncle s’étaient enfuis au Pakistan, avec les cinq autres enfants du couple, abandonnant son corps sur un lit. Après un mois de cavale, le trio était revenu au Royaume-Uni et avait été arrêté dans l’avion.
Lors du procès, Urfan Sharif, chauffeur de taxi, a d’abord accusé sa femme, puis a reconnu sa responsabilité, tout en affirmant qu’il ne voulait pas tuer Sara. Ce jeudi, devant la cour, son avocat, Naeem Mian, a fait valoir que son client « n’avait pas l’intention de tuer » et affirmé que l’affaire n’était pas suffisamment exceptionnelle pour justifier la peine de sûreté de près de 39 ans infligée à son client.
L’avocate de Beinash Batool, Caroline Carberry, a elle estimé que la sentence infligée à la belle-mère de Sara était « trop longue » et ne reflétait « pas de manière juste son rôle ». Elle a aussi insisté sur « des circonstances atténuantes importantes », notamment le fait que sa cliente était elle-même victime de violences de la part de son mari.
Article original publié sur BFMTV.com