samedi, mai 18
Gordana Siljanovska-Davkova après les résultats du premier tour de la présidentielle de la Macédoine du Nord, qui la place en tête, le 24 avril 2024, à Skopje.

L’avance est tellement confortable pour Gordana Siljanovska-Davkova qu’elle évoque « le début d’une nouvelle ère ». D’après les résultats partiels fournis par la commission électorale, mercredi 24 avril en soirée, la candidate de droite est arrivée en tête du premier tour de l’élection présidentielle de Macédoine du Nord, dont la campagne a tourné autour d’une question cruciale pour l’avenir du pays : accepter ou non les conditions posées par l’Union européenne pour pouvoir y entrer.

Après le dépouillement de 90 % des bulletins, Gordana Siljanovska-Davkova, qui était en tête des sondages, a remporté 39,97 % des suffrages, loin devant l’actuel président, Stevo Pendarovski – un social-démocrate – qui récolte 19,90 % des voix.

« Il est certain que ce résultat est incroyablement inspirant pour moi. Je suis sûre d’une chose : ce que j’ai promis, je le ferai à ma façon », a réagi Mme Siljanovska-Davkova.

« Nous espérions moins d’écart, mais demain est un autre jour », a, de son côté, tempéré le président sortant. « Ma tâche est de promouvoir l’Europe en laquelle je crois, un Etat qui n’est pas isolé, qui sera intégré à l’Europe », a-t-il avancé.

Archives de 2019 | Présidentielle en Macédoine du Nord : vers un second tour incertain

Les exigences de la Bulgarie

Le second tour aura lieu le 8 mai dans cet Etat des Balkans d’1,8 million d’habitants, où la vie politique est engluée depuis des années dans des discussions sur l’opportunité ou non de se plier aux exigences de l’Union européenne (UE) et surtout de la Bulgarie voisine. Cette dernière a d’abord insisté pour que la langue macédonienne soit considérée comme un simple dialecte bulgare, ce que Skopje a refusé. Puis, dans un deuxième temps, elle a réclamé l’inclusion de la minorité bulgare dans la Constitution, au risque de faire échouer les négociations en vue d’une adhésion à l’Union européenne de la Macédoine du Nord.

Les deux principaux candidats à la présidence de ce pays – qui a déjà dû changer de nom pour mettre fin à un conflit avec un autre voisin, la Grèce – ne sont pas d’accord sur la réponse à donner à Bruxelles.

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Stevo Pendarovski veut immédiatement réviser la Constitution pour faire avancer les négociations avec l’UE en vue de son intégration, à laquelle la Macédoine du Nord est candidate depuis 2005. Gordana Siljanovska-Davkova, soutenue par le principal parti de droite, VRMO-DPMNE, veut attendre que son pays devienne membre de l’UE avant de modifier la loi fondamentale.

« S’il suffisait de réviser la Constitution pour entrer dans l’Union européenne, nous y serions déjà », a balayé d’un revers de la main cette femme de 71 ans pendant la campagne électorale, promettant de « ne pas oublier les intérêts nationaux ». « Unissons la nation », a-t-elle lancé lors de son dernier meeting de campagne. « Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons nous rendre fiers. Et surtout, faire de ce petit Etat, un Etat européen respecté ».

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L’enjeu du ralliement des autres candidats

Le premier tour a aussi été marqué par une participation en hausse de 8 points par rapport au premier tour des élections en 2019 : 49,75 % des électeurs se sont déplacés.

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Le ralliement des cinq autres candidats à l’élection sera l’autre enjeu du second tour. Parmi eux deux candidats de la minorité albanaise, qui représente environ un quart de la population : Bujar Osmani, le ministre des affaires étrangères, candidat du parti albanais DUI, est arrivé 3e avec 13,68 % des voix. Arben Taravari, soutenu par une coalition de trois partis baptisée « Vlen » (« Ça vaut la peine »), a recueilli 9,6 %.

Au-delà d’un référendum sur la posture à adopter face à l’UE, le premier tour aura aussi été l’occasion de déterminer le rapport de force entre les différents partis avant le 8 mai, la date à la fois du second tour et des législatives. Mais pour beaucoup de citoyens, il s’agit surtout de mettre fin à la fuite de la jeunesse.

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Le Monde avec AFP

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