Au Venezuela, Nicolas Maduro, le président sortant, a été élu pour un troisième mandat de six ans, dimanche 28 juillet. Selon le Conseil national électoral (CNE), contrôlé par des proches du pouvoir, M. Maduro a obtenu, après le dépouillement de 80 % des bulletins et une participation de 59 %, 5,15 millions de voix, devant Edmundo Gonzalez Urrutia, un peu moins de 4,5 millions (44,2 %), qui avait remplacé au pied levé la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, déclarée inéligible. Huit autres candidats étaient également en lice dans cette élection. Le résultat est « irréversible », a déclaré le président du CNE, Elvis Amoroso.
L’annonce s’est produite alors que l’opposition célébrait déjà la victoire de son candidat, favori des sondages. Mme Machado avait demandé en soirée à ses compatriotes de rester dans les centres de vote pour surveiller le dépouillement du scrutin, craignant des fraudes ou des manipulations.
« Nous nous sommes battus toutes ces années pour ce jour, ce sont les minutes cruciales », a-t-elle lancé depuis son quartier général de campagne à Caracas, aux côtés du candidat Edmundo Gonzalez Urrutia. La fermeture des bureaux de vote dans le pays était prévue à 18 heures, mais beaucoup de centres sont restés ouverts après cet horaire officiel.
Washington et huit pays latino-américains demandent un décompte « transparent »
Dans un communiqué conjoint adressé dimanche à Caracas, huit pays latino-américains − Argentine, Costa Rica, Equateur, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine et Uruguay − ont estimé « indispensable d’avoir des garanties que les résultats électoraux respectent pleinement la volonté populaire exprimée par le peuple vénézuélien dans les urnes ». Le texte, publié par le ministère des affaires étrangères panaméen sur son compte X, précise que ces garanties sont un « décompte transparent des voix » ainsi qu’une « vérification et un contrôle » de tous les candidats par des « observateurs et des délégués ».
« Maintenant que le vote est terminé, il est d’une importance vitale que chaque voix soit comptée de manière juste et transparente. Nous demandons aux autorités électorales de publier le décompte détaillé des votes afin de garantir la transparence et la responsabilité », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui a exprimé, dans un communiqué, de « sérieux doutes » sur la représentativité des résultats par rapport à la volonté du peuple.
Portant un survêtement aux couleurs du Venezuela, Nicolas Maduro a voté dès l’ouverture des bureaux à 6 heures. « Je reconnais et je reconnaîtrai l’arbitre électoral, les communiqués officiels et je les ferai respecter », a-t-il promis.
Héritier d’Hugo Chavez, ancien président d’inspiration socialiste de 1999 jusqu’à sa mort en 2013, M. Maduro, qui s’appuie sur l’armée et un harcèlement policier de l’opposition, avance régulièrement qu’il ne cédera pas le pouvoir.
Des observateurs internationaux bloqués
Caracas a refusé ou bloqué à la dernière minute de nombreux observateurs internationaux, dont quatre ex-présidents d’Amérique latine dont l’avion a été retenu au Panama vendredi, en plus d’avoir retiré en mai son invitation à l’Union européenne. Pendant la campagne, Nicolas Maduro a évoqué un possible « bain de sang dans une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes ».
« Nous sommes prêts à défendre jusqu’au dernier vote », avait déclaré dimanche, de son côté, Edmundo Gonzalez Urrutia au moment de voter. « La seule nouvelle importante, ce sont les millions de Vénézuéliens à travers tout le pays qui exercent leur droit de décider », a-t-il ajouté.
Le Monde Application
La Matinale du Monde
Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
Télécharger l’application
Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise économique et sociale sans précédent : effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80 % en dix ans, hyperinflation, pauvreté et systèmes de santé et éducatif totalement délabrés. Plus de 7 millions de Vénézuéliens, selon les estimations de l’ONU, ont fui la crise politique et économique du pays.
Le pouvoir accuse le « blocus criminel » d’être à l’origine de tous les maux. Les Etats-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d’évincer M. Maduro après sa réélection contestée de 2018, lors d’un scrutin entaché de fraudes selon l’opposition, et qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées.