samedi, octobre 19

Le scrutin du 5 novembre opposera Donald Trump à Kamala Harris.
Si des millions d’Américains sont appelés aux urnes, ce sont les grands électeurs qui, in fine, décideront qui remporte l’élection présidentielle.
Un système original, en vigueur en 1787.

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Élection présidentielle américaine

Qui sera le 47ᵉ président des États-Unis ? Dans trois semaines, plus de 200 millions d’Américains sont appelés aux urnes pour savoir qui de Donald Trump ou Kamala Harris , pourra s’installer à la Maison Blanche durant quatre ans. Malgré leur poids électoral, ces millions de citoyens ne constituent pas la clef de ce scrutin qui donne le dernier mot aux grands électeurs. Explications.

Pour comprendre ce système complexe, il faut remonter à 1787 et la Constitution américaine. Celle-ci fixe les règles de l’élection présidentielle, selon un suffrage universel indirect à un tour. L’objectif des pères fondateurs était simple : trouver un compromis entre une élection du président au suffrage universel direct et une élection par le Congrès, considérée comme trop peu démocratique. Des centaines de propositions d’amendements visant à modifier ou à supprimer le collège électoral ont été soumises au Congrès au fil des décennies et des victoires choc. Mais aucune n’a abouti. Et les grands électeurs perdurent.

Cinq présidents ont perdu le vote populaire mais remporté l’élection

Concrètement, ils sont 538 au total. Pour la plupart élus et responsables locaux de leur parti, leurs noms n’apparaissent pas sur les bulletins de vote et ils sont dans leur écrasante majorité inconnus du grand public. Chaque État a autant de grands électeurs que d’élus à la Chambre des représentants (nombre déterminé en fonction de la population) et au Sénat (deux par État). La Californie en a par exemple 55 et le Texas 38. Le Vermont, l’Alaska, le Wyoming et le Delaware n’en ont que trois.

Le candidat qui remporte la majorité des voix dans un État rafle tous les grands électeurs de cet État, sauf dans le Nebraska et le Maine qui répartissent leurs grands électeurs à la proportionnelle.

Au fil des décennies, l’issue des votes a suscité de vives polémiques, le président gagnant ne reflétant pas le vote de la majorité des électeurs. En novembre 2016, Donald Trump avait par exemple emporté 306 grands électeurs. Des millions d’Américains avaient appelé à lui faire barrage. Mais seuls deux grands électeurs du Texas avaient fait défection, lui donnant 304 votes. Cette situation n’était pas inédite : cinq présidents américains, en tout, ont perdu le vote populaire, mais remporté l’élection. John Quincy Adams a été le premier, en 1824, contre Andrew Jackson. 

La fameuse élection de 2000 avait donné lieu à un imbroglio épique en Floride entre George W. Bush et le démocrate Al Gore . Ce dernier avait remporté plus de voix dans le pays, mais le républicain avait engrangé 271 votes au collège électoral.

Rien dans la Constitution n’oblige les grands électeurs à voter d’une manière ou d’une autre. Si certains États les obligent à respecter le vote populaire, les « électeurs infidèles » ne s’exposaient jusque-là la plupart du temps qu’à une simple amende. Mais en juillet 2020, la Cour suprême a jugé que ces grands électeurs « déloyaux » pouvaient être sanctionnés s’ils s’affranchissaient du choix des citoyens. Entre 1796 et 2016, il y a eu 180 votes de grands électeurs contraires aux attentes lors des élections présidentielles. Ils n’ont jamais altéré le résultat final sur l’identité du locataire de la Maison Blanche.


T.G.

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