dimanche, octobre 6

A Pouzzoles (Italie), en Campanie, la terre tremble. Non, « elle danse », selon Bruno Martino, 62 ans, représentant de commerce. Blazer bleu, chemise ouverte, mocassins et lunettes de soleil, il est installé comme au café sous une tente que la protection civile italienne a montée sur la promenade du bord de mer. Derrière lui, en contrebas du parapet, une dalle de béton accueille quelques retraitées venues bronzer de bon matin sur leurs matelas pliants, dans la rumeur bleue de quelques vaguelettes méditerranéennes. La courbe de la baie s’étend du cap Misène, à l’ouest, vers l’îlot de Nisida, à l’est.

Nous sommes ici dans l’agglomération de Naples, au bord d’un territoire bien particulier, les champs Phlégréens, qui serait comparable par le nombre de ses cratères « à la surface de la lune », selon Warner Marzocchi, professeur de géophysique à l’université de Naples-Frédéric II. Rien à voir pourtant avec des impacts de météorites. Tenant sa toponymie du grec phlegraios, pour « brûlant », la zone est un immense volcan aux multiples cratères, une caldeira, soit une dépression creusée par à une explosion cyclopéenne survenue il y a 35 000 ans.

Dans les profondeurs de la terre, à dix kilomètres sous la surface, un réservoir de magma se gonfle puis relâche de la chaleur, provoquant une « respiration ». Le sol se soulève et s’abaisse selon une mécanique appelée « bradyséisme », qui fait trembler – ou danser – la terre.

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Depuis l’automne 2023, les événements géologiques de cette nature se sont faits plus fréquents. Le 20 mai, une secousse de magnitude 4,4 a ainsi causé une situation chaotique, les habitants descendant dans les rues, montant dans leurs voitures et congestionnant les voies de fuite, hors du contrôle des autorités.

Mécanismes de détournements tentaculaires

Alors, ce matin de la fin du mois de juin lors duquel la protection civile a organisé, avec l’aide des forces de l’ordre et des pompiers, un exercice d’évacuation, Bruno Martino, le représentant de commerce, s’y prête bien volontiers en « citoyen », car il faut bien « apprendre comment se comporter s’il y a une éruption ».

L’exercice porte sur un séisme, mais qu’importe. Sous la tente du point de ralliement prévu par les organisateurs, il se sent cependant bien seul. Le scénario suivi concerne une « zone d’intervention restreinte », la plus à risque, habitée par près de 34 000 personnes. A Pouzzoles, 250 habitants se sont inscrits. Ils ne sont que quelques dizaines à participer. Et sous la tente du bord de mer, ils sont dix, entourés d’une quinzaine de journalistes. La presse locale et nationale n’aura qu’un mot pour désigner toute l’affaire : « un flop ».

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