jeudi, octobre 24

ÉTATS-UNIS – « Make America Great Again… with Elon ». Tandis que Kamala Harris accumule les soutiens de vedettes américaines dans la course à la Maison Blanche, la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de son adversaire républicain est presque uniquement portée par un seul homme : Elon Musk.

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Le puissant patron de Tesla, qui avait déjà tendu la main à Donald Trump en permettant son retour sur son réseau social X avant de le soutenir officiellement, a clairement passé la seconde ces dernières semaines en apparaissant en personne lors d’un meeting en Pennsylvanie. Désormais, l’implication croissante d’Elon Musk dans la campagne de l’ancien président américain a atteint un tout autre niveau, problématique à plus d’un titre.

· X, une vitrine pro-Trump sans modération

La plateforme X, renommée mais surtout remodelée à l’image de sa vision de la liberté d’expression depuis son rachat par Elon Musk, est l’outil privilégié par ce dernier pour vanter les mérites du candidat. C’est bien simple, depuis la première tentative d’assassinat contre Donald Trump en juillet, Elon Musk a mentionné plus de fois le nom de Trump sur X qu’entre juin 2009 − date de création de son compte Twitter − et juillet 2024, souligne franceinfo.

Un bref coup d’œil au profil X du patron de SpaceX illustre ce changement de posture : dans sa description, le milliardaire mentionne uniquement son soutien à Donald Trump, en renvoyant directement vers l’organisation politique qu’il a fondée pour le soutenir, l’America PAC.

Et comme le réseau social lui appartient, il l’utilise à sa guise pour colporter fausses informations, théories du complot et autres attaques contre le camp démocrate et « l’ordre établi », sans le moindre risque de modération ou de poursuites.

· Une (discrète) emprise sur les autres réseaux sociaux

Grâce à sa fortune, qui fait de lui l’homme le plus riche du monde selon le classement Bloomberg, Elon Musk a également investi de manière discrète dans plusieurs fonds et groupes similaires à son America PAC.

Leurs actions sur les réseaux sociaux permettent de cibler des communautés dans des zones géographiques précises pour propager des messages contradictoires et décrédibiliser Kamala Harris. Elle se retrouve accusée dans une publication de soutenir Israël, dans une autre de soutenir la Palestine, comme l’explique le journaliste américain Jason Koebler.

Et si X est l’outil privilégié par Elon Musk pour soutenir Donald Trump, l’America PAC inonde les autres réseaux sociaux de publications sponsorisées pour les habitants des fameux « swing states », ces États cruciaux pour l’élection, à l’aide de sommes bien supérieures à celles injectées sur X. Instagram, Snapchat, Youtube et Google, mais surtout Facebook sont principalement ciblés, comme l’ont révélé des enquêtes de Wired et Bloomberg.

· Une force de frappe politique à la portée encore opaque

Avec l’America PAC, dans laquelle Elon Musk a injecté plus de 75 millions de dollars depuis sa création en juillet 2024, une véritable force de frappe financière est mise à disposition du candidat. Jusqu’en septembre, il en était d’ailleurs le seul donateur.

Depuis, l’America PAC a récolté des fonds auprès d’un réseau d’hommes d’affaires proche d’Elon Musk. Un soutien sur lequel s’appuie fortement la campagne républicaine. Et pour cause, un travail colossal de porte-à-porte est réalisé par l’organisation dans les « swing states » pour trouver des électeurs potentiels de Donald Trump, susceptibles de se déplacer dans les urnes le 5 novembre.

Mais de récentes enquêtes du Guardian et Reuters dévoilent les soupçons de fraudes au sein de cette organisation pour gonfler artificiellement le nombre d’électeurs américains contactés dans la dernière ligne droite de l’élection.

· Une politisation intéressée et des idées radicales

Si Elon Musk a l’habitude de s’exprimer devant des foules acquises à sa cause entrepreneuriale, sa tournée de réunions publiques pour soutenir le candidat illustre sa capacité à rallier des électeurs sous sa bannière libertarienne et foncièrement conservatrice.

De premiers pas en politique qui pourraient, en cas de victoire de Donald Trump, lui ouvrir les portes du gouvernement. Il est d’ailleurs ouvert à l’idée d’occuper un poste dans l’administration Trump. Ce dernier a même évoqué sur Fox News la possibilité de le nommer au poste encore inédit de « secrétaire à la réduction des coûts ».

Le but ? Sabrer dans les dépenses publiques, réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires, tout en révisant certaines normes américaines. Un doux rêve pour Elon Musk, qui aurait les coudées franches pour déréglementer et encadrer à sa guise l’activité des entreprises américaines. Un poste qu’il dit être prêt à occuper sans « aucun salaire » ou « aucun titre ».

Une porte d’entrée pour faire passer ses idées sur d’autres sujets ? Elon Musk a plusieurs fois tenu des discours anti-migrants, reprenant aussi la théorie complotiste du « grand remplacement », déjà présente dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid, dans laquelle il a grandi.

Son rapprochement du camp républicain s’explique aussi par sa croisade « anti-woke », déclenchée par la transition de sa fille en 2022. Un épisode qu’il a particulièrement mal vécu et qu’il attribue au « virus woke » promu par les élites californiennes.

· Des lubies dignes d’un milliardaire (et possiblement illégales)

Les idées d’Elon Musk pour conduire Donald Trump jusqu’au Bureau ovale ne manquent pas. Ces derniers jours, il a par exemple lancé une pétition peu ordinaire pour inviter les électeurs à défendre la liberté d’expression et le droit de posséder une arme, garantis par les deux premiers amendements de la Constitution américaine – et très présents dans le discours du républicain.

Elon Musk propose ensuite aux signataires de tenter de gagner un million de dollars grâce à une loterie qu’il a lui même imaginée. La seule autre condition pour y participer est d’être inscrit sur les listes de l’un des sept États clés qui décideront sûrement du résultat du scrutin présidentiel.

Un concept jugé illégal par certains spécialistes qui y voient une manière détournée d’acheter des voix pour le républicain, mais qu’il compte tenir jusqu’au 5 novembre. À moins que la justice américaine en décide autrement : sans évoquer d’action légale, le ministère lui a rappelé dans une lettre les amendes prévues par la loi, selon les informations de plusieurs médias ce mercredi.

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