vendredi, septembre 20

Dans le massif du Jura, la station de Métabief va définitivement fermer cinq remontées mécaniques.
Le domaine fait figure de pionnier parmi les stations de ski françaises pour son adaptation aux conséquences du changement climatique et au manque de neige.
En dépit de l’anticipation, la transformation crée encore certaines résistances sur place.

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Il y avait les stations de ski qui ouvrent plus tard, en raison de l’absence de neige, et celles qui ferment plus tôt, pour la même raison. Il y aura désormais les stations qui ferment tout ou partie de leur domaine skiable. C’est la décision prise le 12 septembre par la station de Métabief, dans le Doubs, et appliquée dès cet hiver. 

La plus importante station du massif du Jura, dont les 40 kilomètres de pistes s’étirent de 900 à 1 400 mètres d’altitude, n’ouvrira pas cet hiver 30% de son domaine skiable : le secteur de Piquemiette, sur lequel sont implantées cinq remontées mécaniques, trois télésièges et deux téléskis. 

Comme d’autres stations de moyenne montagne, Métabief manque de neige et doit s’adapter aux conséquences du changement climatique. Selon l’étude de référence « ClimSnow », la viabilité du ski dans la station à l’horizon 2050 est de « zéro ». 

De « station de ski » à « station de montagne »

Le Syndicat mixte du Mont d’Or (SMMO), qui gère le domaine, a anticipé. Le virage vers une « station quatre saisons« , pour attirer des visiteurs toute l’année et diversifié son modèle économique, a été pris dès 2016. En 2020, le SMMO était même allé un cran plus loin, actant la fin du ski alpin à Métabief à l’horizon 2030-2035. L’idée est de passer d’une « station de ski » à une « station de montagne ». 

Une démarche saluée par la Cour des comptes : dans un rapport publié en février dernier sur la situation des stations de ski face au changement climatique, Métabief était l’une des rares à tirer son épingle du jeu, quand d’autres voyaient leurs faiblesses soulignées à l’heure de l’adaptation au changement climatique. La Cour avait ainsi salué sa démarche « assez avancée » en matière de transition. 

+400% sur la facture énergétique de la station

La zone de Piquemiette a été choisie parce qu’elle ne représente, selon le gestionnaire du domaine skiable, que 20% de la fréquentation totale des pistes, tout en cumulant le plus de charges de fonctionnement. 

« On avait posé une méthode pour préparer nos équipes et les acteurs économiques de la station, mais ces dernières années, il y a eu un phénomène d’accélération avec la guerre en Ukraine et une augmentation de plus de 400% du volet énergie, puis un déficit de neige naturelle sur la saison 2023-2024« , a justifié auprès de l’AFP Philippe Alpy, le président du Syndicat mixte du Mont d’Or (SMMO) qui gère la station. 

Et d’ajouter : « La réalité économique s’est invitée plus vite qu’on pensait et on a constaté amèrement le 20 août qu’il fallait se résoudre à fermer le secteur de Piquemiette. Si on n’avait pas pris cette décision, le Conseil départemental du Doubs – qui dû régler en deux ans quatre millions d’euros de plus que son engagement initial – ne nous suivait plus financièrement. »

Mais la décision rencontre quelques résistances locales. Des opposants ont lancé une pétition en ligne : intitulée « Non à la fermeture de Piquemiette », elle réunissait vendredi 3900 signatures. « À terme, cette décision menace l’avenir touristique et les emplois de toute la station, peut-on y lire, sur le site de Change.org. Si Piquemiette ferme aujourd’hui, c’est Métabief qui fermera demain. » 

Les auteurs de la pétition demandent aux élus « d’assurer la transition climatique sans brutalité » et estiment qu’ils auraient dû prévenir « commerçants et skieurs au moins un an avant la fermeture« . En haute saison hivernale, Métabief emploie environ 130 personnes sur le domaine, auxquelles s’ajoutent les personnes employées dans les activités annexes (restauration, logement…).


Marianne ENAULT

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