lundi, septembre 30

INTERNATIONAL – Personne ne veut gouverner avec lui. Aux législatives ce dimanche 29 septembre, l’extrême droite autrichienne représentée par le Parti de la Liberté (FPÖ) d’Herbert Kickl a signé un succès historique. Il obtient 29,1 % des suffrages, soit un bond de 13 points par rapport au scrutin de 2019, selon des projections basées sur le décompte de plus la moitié des bulletins. Malgré ce score, le parti est sans garantie d’accéder à la chancellerie, ni même de gouverner.

En Autriche, l’extrême droite en tête des législatives, selon les premières estimations

« Savourez ce résultat ! », a lancé Herbert Kickl à ses partisans réunis à Vienne pour fêter les bons résultats. « Ce que nous avons accompli dépasse mes rêves les plus fous », a-t-il encore martelé.

Pourtant, difficile pour le leader populiste de « savourer ». En effet, Herbert Kickl est si extrême qu’aucun parti ne veut bâtir une coalition avec lui. Une attitude qu’il a regrettée dimanche soir, lors de sa première réaction aux résultats. Face au message « très clair » adressé dans les urnes, « nous tendons la main à tous les partis », a affirmé l’ex-ministre de l’Intérieur, âgé de 55 ans, sur la chaîne publique ORF, regrettant que ses électeurs soient traités comme « des citoyens de second rang ».

Désavoué par le président autrichien et le chancelier

Celui qui veut, au pays natal d’Adolf Hitler, se faire appeler comme lui « Volkskanzler » (chancelier du peuple), a repris à son compte le terme de « remigration », avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d’expulser des Autrichiens d’origine étrangère. Une ligne sur l’immigration qu’aucun autre parti autrichien ne partage.

Quant au président Alexander Van der Bellen, qui supervise la formation des gouvernements, il a exprimé des réserves à l’égard du FPO en raison de ses critiques à l’égard de l’Union européenne et de son incapacité à condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie, souligne Al Jazeera. Il a même affirmé que la Constitution ne l’obligeait pas à demander au parti arrivé en tête de former un gouvernement.

Arrivé en deuxième position aux législatives, le chancelier Karl Nehammer, chef de file des conservateurs (ÖVP), a noté la « déception » de ses troupes face à la défaite (26,3 %). « Nous ne sommes pas parvenus à rattraper » l’extrême droite, a-t-il regretté devant un parterre à l’humeur sombre. Mais malgré une chute de plus de dix points par rapport à 2019, l’ÖVP, au pouvoir depuis 1987, « a de bonnes chances de conserver la chancellerie », estime l’analyste Julia Partheymüller.

Une coalition avec les conservateurs ?

Mais avec quels partenaires ? Les scénarios sont à écrire. Si Karl Nehammer répète qu’il ne veut pas s’allier avec Herbert Kickl, il ne rejette pas une éventuelle coalition avec les « bleus » du FPÖ, comme en 2000 et 2017. L’ÖVP est en tout cas le seul parti ouvert à la formation d’une coalition avec le parti d’extrême droite.

Parmi les 6,3 millions d’électeurs, beaucoup tablent sur ce scénario, comme Bernd Lunglmayr, un consultant en santé de 48 ans. « Toute autre issue me surprendrait beaucoup », dit-il, se disant « inquiet ». « En Autriche, la mémoire politique est courte » et « la tendance est aux partis populistes dans le monde occidental, en cette période de crises ».

Mais selon les experts, les conservateurs n’accepteront pas d’être le partenaire minoritaire et pourraient préférer s’associer avec les « rouges » sociaux-démocrates (21 %) et les libéraux de Neos (9 %). Un format à trois serait une première en Autriche. Quant à une coalition avec les Verts, en net recul (8,3 %), les sujets de discorde sont nombreux et le divorce semble consommé.

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