La question se pose deux fois par an. Faut-il supprimer le changement d’heure? Le 20 octobre dernier, par la voix de son Premier ministre, l’Espagne a en tout cas annoncé vouloir y mettre fin dès 2026. « Changer l’heure deux fois par an n’a plus de sens », a défendu Pedro Sánchez sur le réseau social X.
Alors que le sujet revient à peine sur la table des négociations, la France et ses voisins européens se préparent de nouveau à changer d’heure dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre. Il faudra reculer de 60 minutes, pour quitter l’heure d’été et passer à celle d’hiver. À trois heures du matin, il sera donc deux heures.
Pourtant, il y a six ans, le Parlement européen avait déjà voté pour la suppression du changement d’heure, en permettant aux États membres de choisir définitivement entre l’heure d’hiver et l’heure d’été. À l’époque, 410 députés européens avaient voté « pour » et seulement 192 avaient voté « contre ».
Une « coordination entre les pays de l’UE » est nécessaire
Bien engagée, la volonté de mettre fin aux passages à l’heure d’hiver en octobre et à l’heure d’été en mars a finalement été stoppée par la crise sanitaire liée au Covid-19, venue interrompre les discussions. Depuis, rien n’a changé. Le dossier s’est perdu entre les différentes crises successives. D’abord le Brexit, puis la guerre en Ukraine ou encore l’inflation…
Ce projet de suppression du changement d’heure, qui devait voir le jour en 2021, prévoyait aussi une « coordination entre les pays de l’Union européenne et la Commission pour garantir que l’application de l’heure d’été dans certains pays et de l’heure d’hiver dans d’autres ne perturbe pas le fonctionnement du marché intérieur ».
À l’époque, et encore aujourd’hui, c’est toujours l’un des points de blocage de ce texte. Si beaucoup de pays de l’Union européenne semblent d’accord pour supprimer le changement d’heure, certains seraient plus favorables à l’heure d’été et d’autres à celle d’hiver. Comment faire « si la France et l’Allemagne ne choisissent pas le même fuseau horaire? », s’interroge l’entourage de Valérie Hayer, eurodéputée Renew, joint par BFMTV.
« Il y aurait un décalage d’une heure entre les deux pays », reconnaissent avec perplexité les proches de l’élue Renaissance.
Pour Christelle Schneider, experte en gestion des transactions commerciales internationales, un décalage horaire entre la France et l’Allemagne ne serait pas viable. « Ce serait un très mauvais signal sur l’union que l’on veut créer à l’échelle de l’Europe, notamment économiquement », réagit-elle pour BFMTV.
« Ce décalage d’une heure viendrait complexifier les échanges et aurait des conséquences sur les autres pays européens », prévient Christelle Schneider. Surtout dans une période aussi incertaine pour l’économie européenne, confrontée à des défis comme la concurrence chinoise, la désindustrialisation ou la pression des droits de douane imposés par Washington.
Un impact sur la santé ?
Initialement, le changement d’heure a été instauré en France en 1976, suite au choc pétrolier de 1973-1974. L’objectif de l’époque est alors simple, réaliser des économies d’énergie en réduisant le temps d’éclairage artificiel en soirée. Pourtant, passer de l’heure d’été à l’heure d’hiver, ou vice-versa, aurait un impact sur notre santé. C’est d’ailleurs l’un des arguments principaux des défenseurs de la suppression du changement d’heure.
« Il vaudrait mieux garder l’heure d’hiver toute l’année, car elle est plus proche de l’horaire du soleil. Par rapport à nos réglages avec la nature, c’est mieux », renseigne Mireille Barreau, sophrologue et spécialiste du sommeil. Pour s’habituer au changement, le gouvernement préconise « d’avancer votre heure de coucher de 15 minutes chaque jour avant le passage à l’heure d’hiver ».
Retour des débats au Parlement européen
Pour la première fois depuis 2020, la proposition a refait son apparition dans le programme de travail de la Commission européenne pour l’année 2025. Et ce jeudi 23 octobre, le débat sur la suppression du changement d’heure s’est invité au Parlement européen, pendant 40 petites minutes.
Si l’Espagne souhaite faire adopter cette mesure dès 2026, le cabinet de l’eurodéputée Valérie Hayer explique que « ce délai est court » pour ratifier le texte. « Imaginons que le projet arrive à l’ordre du jour au Conseil, il faudrait au moins six mois avant qu’il ne soit adopté ». « L’intérêt du Parlement reste présent, mais nous n’avons aucune visibilité quant à l’adoption du texte ».
Article original publié sur BFMTV.com








