mardi, décembre 16

  • S’estimant diffamé par la BBC, Donald Trump lui réclame pas moins de 10 milliards de dollars.
  • En 2024, le média britannique a diffusé un montage « trompeur » d’un discours du président américain avant l’attaque du Capitole.
  • Au Royaume-Uni, le scandale a déjà entraîné la démission de deux dirigeants du groupe.

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Le second mandat de Donald Trump

La somme paraît folle… et pourtant. S’estimant victime d’un montage trompeur de la part de la BBC, Donald Trump réclame la bagatelle de 10 milliards de dollars au média britannique. Il y a quelques semaines, le président américain avait affirmé qu’il réclamerait entre 1 et 5 milliards de dollars. « Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche », s’est plaint le milliardaire de 79 ans lundi 15 décembre, devant la presse.

Dans une plainte déposée devant un tribunal fédéral de Miami, Donald Trump demande « des dommages et intérêts d’un montant minimum de 5 milliards de dollars » pour chacun des deux chefs d’accusation : diffamation et violation d’une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales. Mais de quoi parle-t-on au juste ?

Un extrait tronqué

Le groupe audiovisuel britannique est dans la tourmente depuis des révélations en novembre sur son magazine phare d’information « Panorama ». Juste avant la présidentielle américaine de 2024, ce dernier a en effet diffusé des extraits distincts d’un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021 montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

L’extrait diffusé donnait l’impression que le président sortant incitait ses partisans à se rendre au Congrès pour « se battre comme des diables ». Dans sa phrase intégrale, il déclarait : « Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès ». Or l’expression « se battre comme des diables » correspond à un autre passage du discours.

La BBC a depuis longtemps l’habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump

Un porte-parole des avocats de Donald Trump

« La BBC, autrefois respectée et aujourd’hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d’interférer dans l’élection présidentielle de 2024 », a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain. « La BBC a depuis longtemps l’habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche. »

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l’audiovisuel public et sur son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales. L’affaire a poussé à la démission son directeur général, Tim Davie, et sa patronne de l’information, Deborah Turness.

Keir Starmer dans l’embarras

Le président de la BBC, Samir Shah, a pour sa part envoyé une lettre d’excuses à Donald Trump, sans réussir à l’apaiser. Il a toutefois rejeté ses accusations et s’est dit déterminé à contester toute plainte pour diffamation. Dans sa plainte, le milliardaire estime que malgré ses excuses, le média « n’a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d’empêcher de futurs abus journalistiques ».

Depuis son retour au pouvoir, le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux États-Unis, dont certains ont versé de coquettes sommes pour mettre fin aux poursuites. Il a en revanche fait entrer à la Maison Blanche des influenceurs et supports qui lui sont favorables… comme la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.

Outre-Manche, l’affaire suscite un certain embarras de la part de Keir Starmer, soucieux de ménager ses relations avec le président américain. Interrogé mi-novembre devant le Parlement, il a promis mercredi de « défendre une BBC forte et indépendante », tout en estimant que le groupe audiovisuel public devait « mettre de l’ordre dans ses affaires », « respecter les standards de qualité les plus élevés » et « corriger rapidement les erreurs ».

J.V.

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