mercredi, avril 2

Pour Karl Marx, la religion n’a pas d’existence indépendamment de l’homme, elle est un produit de la conscience qui se donne l’illusion du bonheur dans l’image d’une communauté humaine réconciliée en Dieu. L’«  opium  », c’est l’artifice, le reflet déformant et halluciné que l’homme fabrique de lui-même, mais c’est surtout la fonction narcoleptique que joue la religion. Car tandis qu’elle révèle l’existence de la «  misère réelle  », elle agit comme une fiction consolatrice et justificatrice, qui fixe l’homme dans une position purement passive au lieu de l’encourager à s’attaquer aux causes réelles de sa souffrance. La critique de la religion est donc la condition sine qua non de l’action politique transformatrice.

La critique de la religion a joué un rôle central dans le groupe des jeunes hégéliens, auquel Marx a appartenu jusqu’en 1845. Bruno Bauer (1809-1882), dans La Trompette du Jugement dernier (1841), avait tiré Hegel du côté de l’athéisme en expliquant que les figures de la Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit) correspondaient chez lui aux différents moments d’affirmation de la conscience de soi. Dans un livre plus retentissant encore, L’Essence du christianisme (1841), Ludwig Feuerbach (1804-1872) avait à son tour soutenu que Dieu n’était rien d’autre que la projection imaginaire par l’homme de sa propre essence.

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