dimanche, septembre 29

INTERNATIONAL – Les États-Unis vengés ? L’assassinat par l’armée israélienne du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une frappe menée sur la banlieue sud de Beyrouth, est « une mesure de justice », ont jugé, ce samedi 28 septembre, le président américain Joe Biden et sa vice-présidente, Kamala Harris.

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À l’annonce de la mort du dirigeant historique du Hezbollah, cette réaction a contrasté avec celle de l’ONU et des pays européens, qui se sont d’abord inquiétés de risques d’escalade dans la région, alors que l’offensive israélienne a d’ores et déjà déplacé près d’un million de personnes au Liban. Mais derrière ce soutien affiché à Israël, les démocrates s’enquièrent, eux aussi, en coulisse, d’une escalade des violences au Moyen Orient.

Hassan Nasrallah associé à l’attentat de Beyrouth

Dans leur première réaction à la frappe d’Israël, et contrairement aux autres pays occidentaux, les États-Unis ont ainsi fermement soutenu samedi soir « le droit d’Israël à se défendre contre l’Iran et les groupes terroristes soutenus par l’Iran, comme le Hezbollah, le Hamas et les Houthis ». Des propos qui ne dénotent finalement pas avec la posture habituelle des États-Unis, qui s’affichent comme le premier soutien militaire et diplomatique de l’État hébreu.

Ensuite, Kamala Harris, la candidate démocrate pour la présidentielle américaine du mois de novembre est revenue sur la disparition de la tête pensante du Hezbollah, estimant qu’Hassan Nasrallah était un « terroriste avec du sang américain sur les mains ».

De la même manière, après la mort du chef du Hezbollah, Benjamin Netanyahu a déclaré samedi qu’Israël avait « réglé ses comptes avec le responsable du meurtre d’innombrables Israéliens et de nombreux citoyens d’autres pays parmi lesquels des centaines d’Américains et des dizaines de Français ».

Kamala Harris et Benjamin Netanyahu font ici référence au double attentat de Beyrouth, survenu il y a 40 ans.

Paris et Washington ont accusé le Hezbollah

Le 23 octobre 1983, la Force multinationale de sécurité à Beyrouth, créée par l’ONU pour ramener la paix dans un Liban déchiré par la guerre civile et composée de détachements des armées américaine, française, italienne et britannique, est visée par deux attentats quasi simultanés.

Dans un premier temps, un kamikaze lance son camion piégé contre le quartier général de l’armée américaine, tuant 241 Marines américains. Il s’agit alors du bilan le plus lourd pour les États-Unis depuis la bataille d’Iwo Jima, lors de la Seconde Guerre mondiale, rappelle France 24. Quelques minutes plus tard, une autre voiture piégée s’enfonce dans l’immeuble Drakkar, où logeaient des militaires français, tuant 58 d’entre eux, issus des 1er et 9e régiments de chasseurs parachutistes. Six Libanais sont aussi décédés.

Paris et Washington ont accusé le Hezbollah et la République islamique d’Iran d’être responsables de ces attentats, ce que l’un et l’autre ont toujours démenti.

Hassan Nasrallah n’a pris la tête du Hezbollah qu’en 1992, mais lors cet attentat, il faisait déjà parti du noyau fondateur du parti islamiste chiite, note franceinfo. C’est pourquoi « il est détesté par ceux qui ont subi sa violence » dans les années 1980, explique le politologue Antoine Basbous sur France Inter.

Des tensions entre alliés historiques

Néanmoins, la réaction médiatique des États-Unis visant à présenter un soutien total à l’allié historique qu’est Israël, n’est en réalité qu’un discours de façade, si l’on en croit la presse américaine. Si « personne à la Maison Blanche n’a pleuré Hassan Nasrallah samedi », écrit le New York Times dans un papier d’analyse, « la frappe [d’Israël] a une fois de plus aggravé les tensions entre l’administration du président Biden et le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu », poursuivent ses auteurs.

Et pour cause. Washington est irritée par Benjamin Netanyahu, qui a refusé la proposition américo-française cessez-le-feu de 21 jours, puis a tiré sur six immeubles à Beyrouth sans en avertir les États-Unis. C’est pourquoi, tout en flattant le responsable israélien, Joe Biden a également appelé samedi soir les forces américaines présentes dans la région de renforcer leur « dispositif de défense » afin de dissuader toute agression d’Israël et de réduire le risque d’une guerre régionale de grande ampleur.

Désormais, Joe Biden et Kamala Harris doivent empêcher l’escalade sur deux fronts, à Gaza et au Liban-Sud, souligne CNN. Un jeu d’équilibriste au cours duquel les démocrates ont beaucoup à perdre à même pas deux mois de l’élection américaine : une aggravation du conflit au Moyen-Orient donnerait des précieuses voix à Donald Trump.

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