Qu’est-il arrivé à Auriane Mallo-Breton quand elle s’est retrouvée à mener par sept touches à une en finale olympique de l’épée face à la Hongkongaise Man Wai Vivian Kong, numéro 1 mondiale de l’arme, samedi 27 juillet au Grand Palais ? S’est-elle sentie devenir trop tôt championne olympique ? Sa main a-t-elle commencé à trembler ? La fatigue, physique et psychique, a-t-elle commencé à la gagner, après une journée de compétition entamée dix heures plus tôt ?
« Je pense que j’étais trop facile et que, du coup, je n’ai plus été assez vigilante, a analysé l’escrimeuse à chaud. J’ai peut-être été un peu trop dans la gestion et elle en a profité pour prendre toutes les opportunités. Au début, ça se passait plutôt bien, tout rentrait, mais j’ai peut-être voulu finir trop vite et j’ai commencé à douter… »
Dans les cinq minutes restant à disputer, la Française n’a plus jamais réussi à toucher son adversaire sans que celle-ci n’en fasse autant. En un peu plus de trois minutes, Man Wai Vivian Kong, qu’elle n’avait jamais battue en trois confrontations, est revenue à sa hauteur. Les deux jeunes femmes, aussi longilignes l’une que l’autre, ont alors cessé le combat, attendant la prolongation à la mort subite. Sur sa lancée, la Hongkongaise a conclu en vingt-six secondes (13-12).
« Une finale de nerfs »
« Auriane avait le match en main, puis elle s’est mise à reculer, estimait pour sa part Daniel Levavasseur, qui fut l’entraîneur de Laura Flessel, laquelle est donc passée samedi à deux doigts de ne plus être la seule Française championne olympique d’épée. C’était une finale de nerfs, il fallait avoir les nerfs solides. Et son adversaire est connue pour avoir un gros mental. »
Auriane Mallo-Breton avait démontré dès son entrée en lice qu’elle ne manquait pas non plus de ressources mentales. Menée de trois touches par l’Ukrainienne Dzhoan Feybi Bezhura à vingt secondes de la fin de son seizième de finale, elle avait réussi à revenir à la hauteur de son adversaire en quinze secondes avant de s’imposer à la mort subite. Un retournement qui lui faisait relativiser sa déception à l’issue de la finale. « Ça aurait pu s’arrêter très tôt », rappelait-elle.
De son côté, l’entraîneur national adjoint, Lionel Prunier, qui l’avait accompagnée tout au long de la journée, estimait que les efforts consentis avaient fini par « entamer le physique » de l’épéiste : « A un moment, elle a manqué de lucidité. Quand on mène largement, on peut tenter de gérer sur une ou deux touches, mais là, elle a laissé son adversaire reprendre l’initiative. Alors qu’au début, elle la laissait venir et la provoquait pour la faire partir. »
Il vous reste 43.39% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.