lundi, janvier 13

La surdité survient de plus en plus tôt.
La surexposition à des sons de trop forte intensité est montrée du doigt.
François-Xavier Ménage a mené l’enquête sur les causes de ce phénomène.

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Les enquêtes de FX

Un mal invisible aux conséquences irréversibles. En France, plus de dix-sept millions de personnes reconnaissent avoir au moins une déficience auditive, soit 24,8% des Français, estimait une vaste étude menée par une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’université Paris Cité, parue en 2022. Et pour 4,3%, soit environ 3 millions de personnes, il s’agit d’une déficience invalidante.

En cause, la surexposition à des sons de trop forte intensité ou de mauvaise qualité, qui peut entraîner des dommages irréversibles à l’oreille ou même affecter le système cérébral via une dégradation des neurones auditifs. Aux bruits ambiants du quotidien s’ajoutent une multitude d’autres sons captés par les oreilles et souvent amplifiés désormais par des écouteurs ou des casques audios. Ironie de la situation : c’est généralement pour échapper aux nuisances sonores que les citadins s’isolent avec des écouteurs.

C’est comme si j’avais une sorte de marteau qui me percutait l’oreille.

Charlotte, qui est atteinte d’hyperacousie

Âgée de 43 ans, Charlotte est atteinte d’hyperacousie, une maladie particulièrement invalidante causée par des années de concert et de studio sans protection durant l’adolescence, lorsqu’elle était chanteuse dans un groupe de rock’n’roll. « Chaque son que je vais entendre va me piquer l’oreille. C’est comme si j’avais une sorte de marteau qui me percutait l’oreille« , décrit la quadragénaire dans le reportage de TF1 en tête de cet article. 

Pour en diminuer les effets, Charlotte utilise tout un attirail : bouchons atténuateurs à moins 25 dB pour le travail, protections auditives de type boules pour les concerts, casque anti-bruit « pour les moments très critiques« , et même un appareil auditif doté d’un petit micro pour atténuer les bruits extérieurs. Le plus souvent, ces manifestations du vieillissement auditif sont la conséquence de l’environnement sonore auquel sont confrontées chaque jour nos oreilles.

Prenons l’exemple des transports en commun. À cause du bruit ambiant, on a souvent tendance à augmenter le volume de ses écouteurs ou de son casque audio. Nous avons utilisé un sonomètre pour calculer le niveau sonore sur le quai d’une station du métro parisien. Verdict : 80 dB, soit le seuil de risque pour l’audition en cas d’exposition prolongée. Pour mesurer le bruit, on utilise une échelle allant de 0 à 130 décibels, 0 dB représentant le seuil d’audibilité et 130 le seuil de douleur. 

À l’intérieur de la rame, le niveau sonore est similaire. La RATP affirme investir massivement afin d’atténuer les nuisances. Chaque jour, Driss effectue une heure en transport en commun, et pousse parfois très fort le volume pour s’isoler. « Ça arrive que j’oublie. Et après, j’y repense, en me disant qu’il faudrait peut-être éviter d’écouter trop fort, au risque de devenir sourd trop rapidement« , explique-t-il au micro de TF1. 

Quels sont les premiers signes d’une perte auditive ?

Parmi les premiers signes qui doivent alerter, figurent notamment les acouphènes et la sensation d’oreille bouchée. « Tous ces symptômes, chez un jeune adulte ou un adolescent, sont des signes d’alerte« , met en garde le Dr Didier Bouccara, médecin ORL à Paris. Des signes qui peuvent apparaître dès le plus jeune âge. Si l’on regarde les derniers chiffres, 1,3 million d’enfants de moins de 10 ans en France ont consulté un praticien pour des sifflements dans les oreilles.

On sait aujourd’hui en projection que nos jeunes seront concernés par un début de perte auditive plus précocement, aux alentours de 40-45 ans.

Denis Le Squer, directeur général de la Fondation pour l’audition

Parmi eux, 660.000 se sont vu diagnostiquer une perte auditive moyenne ou sévère. Selon les spécialistes, ce chiffre serait sous-évalué, puisqu’il ne compte que les enfants qui sont allés consulter. Pour améliorer le dépistage, la Fondation pour l’audition a lancé en août dernier l’application Höra. Reconnue par le ministère de la Santé, cette dernière permet de se tester soi-même.

« Les premiers symptômes de la presbyacousie, c’est-à-dire la perte classique du vieillissement de l’audition liée à l’âge, apparaît aux alentours de 50-55 ans. On sait aujourd’hui en projection que nos jeunes seront concernés par un début de perte auditive plus précocement, aux alentours de 40-45 ans. C’est pour cela qu’il est hyper important de suivre son audition« , souligne au micro de TF1 Denis Le Squer, directeur général de la Fondation pour l’audition.

En cas de symptôme, les spécialistes recommandent de s’appareiller le plus vite possible. Depuis quelques années, la Sécurité sociale rembourse d’ailleurs certains appareils à 100 %. À titre préventif, effectuez des pauses toutes les 90 minutes lorsque vous écoutez de la musique, réglez le niveau sonore jamais au-delà de la moitié et effectuez une pause toutes les 90 minutes. Enfin, lors d’un concert, prenez le réflexe d’utiliser des protections auditives afin de ménager vos oreilles.


La rédaction de TF1info | Reportage : François-Xavier Ménage, Olivier Cresta

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