Créer un circuit de distribution de pêche éthique et durable, à l’image de ce qu’assurent les AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) : c’est sur ce projet que s’est lancée la start-up Poiscaille, en 2015. Elle a rapidement engrangé un succès d’estime et vu son chiffre d’affaires augmenter, de 1,5 million d’euros en 2019 à 11,5 millions en 2022. Toutefois, l’entreprise peine à être rentable.
Mercredi 11 septembre, elle a même tiré le signal d’alarme sur les réseaux sociaux : « La poissonnerie la plus engagée de France pourrait bientôt fermer, et ça, ce n’est pas possible, annonçait son fondateur, Charles Guirriec. On démontre qu’il est possible de réussir sans refuser de vendre du saumon norvégien, sans vendre du thon du Pacifique, sans vendre des gambas vietnamiennes. »
L’entrepreneur multiplie les initiatives pour arriver à son but : passer rapidement de 20 000 abonnés aujourd’hui à 25 000, ce qui permettrait à sa société de parvenir à l’équilibre, relève-t-il. Pour cela, il propose une offre promotionnelle jusqu’à fin septembre (19,90 euros au lieu de 22,90 euros le panier hebdomadaire pour deux à trois personnes) afin d’augmenter le nombre de ses clients.
Fermeture de nombreux points de distribution
Cela n’est pas sans rappeler la stratégie d’une autre jeune pousse, Le Slip français, qui, elle aussi, a baissé ses prix, en misant sur des volumes plus importants. Au premier jour de son opération en ligne, Poiscaille avait déjà attiré un millier de nouveaux abonnés.
Pour la start-up, qui s’appuie sur un réseau de magasins partenaires acceptant de recevoir ses livraisons, le défi est d’optimiser ses coûts de livraison. « L’enjeu, c’est de remplir les cartons, car quand on livre un carton, qu’il y ait quatre ou dix commandes dedans, ça nous coûte à peu près le même prix », explique Charles Guirriec. Fini aussi les cadeaux offerts aux magasins accueillant leurs livraisons et les promotions pour les clients, qui ont coûté cher à la société (250 000 euros de paniers offerts en 2022).
Pour expliquer ses difficultés, l’entreprise avance l’augmentation du prix des poissons, une inflation qui pénalise ses clients, la fermeture de nombreux points de distribution qui accueillaient ses produits, ainsi que l’envolée des tarifs de l’emballage et du coût du transport. Avec ses finances fragilisées, Poiscaille ne balaie pas l’option d’une nouvelle levée de fonds ou d’un rapprochement avec un industriel. « A condition qu’il respecte nos valeurs, cela pourrait nous rendre rentable très vite », veut croire M. Guirriec.