dimanche, décembre 7

  • Énergivore, utilisation exponentielle de terres rares, infantilisation… Les débats autour du rôle de la tech vont croissant.
  • Et si nous diminuions notre consommation des technologies ?
  • Dans le podcast « Impact Positif », Sylvia Amicone échange cette semaine avec l’explorateur Corentin de Chatelperron, spécialiste des produits low tech.

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Impact positif

Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), une box Internet continuellement allumée consomme entre 150 et 300 kWh d’électricité par an, soit autant qu’un grand réfrigérateur. La numérisation croissante de notre société suscite toujours plus de conservation, d’analyses et de transfert de données. Résultat : le think tank GreenIt estime que chaque utilisateur du web émet plus de 200 kg d’émission de gaz à effet de serre et 3.000 litres d’eau par an. 

L’approche low tech consiste à questionner nos besoins réels afin de développer des objets et techniques utiles, accessibles, durables et résilientes. Revenir à l’essentiel en diminuant son empreinte environnementale. Pour répondre à cette problématique, Corentin de Chatelperron a transformé un appartement de l’ouest parisien en laboratoire du low tech pendant quatre mois. Objectif : diviser sa consommation d’eau par dix, d’énergie par quinze et de gaz à effet de serre par cinq. Il présente ses résultats dans le podcast de celles et ceux qui ont un impact positif sur la société et sur le monde, à écouter ci-dessus. L’émission est diffusée tous les samedis après-midi sur LCI, canal 15 de la TNT. « Nous avons fait cette expérience pour tester un mode de vie plus résilient, plus durable et qui donne envie de reprendre le contrôle de son quotidien. »

L’ingénieur assure que nous sommes enfermés dans le « syndrome des ficelles invisibles » : « Nous avons la sensation de se faire aspirer par le futur voulu par Elon Musk alors qu’on vit une époque où nous devons choisir comment orienter le progrès vers un monde plus juste, plus sain et plus désirable. Nous ne devons pas subir notre futur, mais le réinventer. Il y a des milliers de personnes prêtes à changer des choses dans leur quotidien. Mais on se sent marginal quand on est seul. Quand on est plein, on se sent pionnier », se rassérène Corentin de Chatelperron. « Il faut passer des petits gestes à un grand mouvement. »

Des champignons dans la douche et des plantes dans la cuisine

Dans l’appartement, tout a été pensé : des panneaux solaires posés sur le toit assurent l’énergie et l’isolation des murs et le chauffage respecte des critères stricts. Mais la transformation se produit surtout dans les pièces humides. Dans la cuisine, il faut coopérer avec un mode de culture hors-sol. La bioponie sert à cultiver des aromates dans 300 litres d’eau sur 5 m². « Nous appelions cet espace le bar à feuille avec de la ciboulette, de la menthe, de la roquette, du basilique, etc. En mangeant la plante immédiatement cueillie, vous avez l’entièreté de ses vitamines », se réjouit Corentin de Chatelperron. Un biodigesteur produit du gaz à partir de déchets organiques et un élevage de grillons permet d’assurer un apport suffisant en protéines. Dans la salle de bain, des toilettes sèches « vivantes » recyclent les matières fécales en compost. La douche, immense, contient de la mousse aux murs et des champignons au sol : « Nous n’avons pas de pommeau de douche, mais un brumisateur. L’eau, très chaude au départ, se refroidit progressivement. Les murs absorbent les bactéries et nous avons récupéré jusqu’à un kilo de pleurotes par semaine. »

Corentin de Chatelperron décrit son expérience, vécue avec Caroline Pultz, dans son livre « L’Appart du futur, une aventure low tech dans la biosphère urbaine ». S’ils ont réussi à remplir une partie de leurs objectifs, ils continuent de consommer l’équivalent de plus de deux tonnes de gaz à effet de serre par an. « Nous ne respectons pas les accords de Paris. Ça montre que même en faisant tous les efforts possibles, on n’y est pas du tout et qu’il faut y aller vite et fort », s’inquiète l’ingénieur. Pour lui, le plus gros frein reste culturel : « Pendant notre expérience, plein d’éléments nous incitaient à consommer. Difficile d’aller à contresens lorsque des millions de personnes font des choses différentes. Nous devons fédérer autour de nous pour changer les choses et faire en sorte que les gens se reconnaissent dans ce que l’on propose. »

Geoffrey LOPES

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