jeudi, décembre 26

Mercredi 30 octobre, alors qu’Emmanuel Macron était reçu en majesté à Rabat par le roi du Maroc, Mohammed VI, un sondage Verian-Epoka était publié par Le Figaro, enregistrant une chute spectaculaire de la cote de popularité (17 %) du président de la République, plus faible qu’au moment de la crise des « gilets jaunes ». Plus impopulaire que jamais, M. Macron se prépare à une interminable et douloureuse fin de règne.

Or, depuis sa dissolution ratée de l’Assemblée nationale, qui agit comme un poison lent, tout semble lui échapper. Le président se retrouve confronté à un triple défi : exister face à son premier ministre, qui commence à imprimer sa marque ; se faire pardonner par son ex-majorité, qu’il a traumatisée en décidant de dissoudre l’Assemblée ; renouer avec les Français, tout en préservant un bilan qui risque de se voir occulté par la dette, laquelle s’est creusée de près de 1 000 milliards d’euros depuis 2017.

Pour l’heure, il tâtonne, apparaissant étrangement absent, comme hors de lui-même. Quatre mois après sa défaite aux législatives, il n’a pas d’autre choix que le retrait et le repli sur la scène internationale. Sur la scène intérieure, M. Macron est pris entre deux feux : d’un côté, il a besoin que Michel Barnier, le premier ministre, réussisse, car son échec mettrait le président sous pression ; de l’autre, il s’agace de ses choix budgétaires et supporte difficilement que la lumière se soit détournée de l’Elysée, au profit de Matignon.

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Moins en prise avec les affaires du gouvernement, le chef de l’Etat contre-attaque discrètement. A tous ses interlocuteurs il affirme que ce gouvernement n’est « pas le [s]ien », oubliant que sa famille politique occupe la moitié des postes ministériels. Et il ne perd pas une occasion de faire entendre sa différence, directement ou par procuration, donnant le sentiment de jouer contre le gouvernement. Un jour, il ne décourage pas son ancien ministre, quand Gérald Darmanin entend critiquer les choix fiscaux de Michel Barnier. Un autre, il incite l’un de ses amis juristes à s’exprimer sur l’Etat de droit, pour contrer le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, dont il dit désapprouver les orientations droitières. Et, le 25 octobre, devant un parterre d’entreprises réunies à l’Elysée, il s’agace publiquement « des hausses d’impôts et du coût du travail qui pèsent sur les entreprises ».

Se faire pardonner

S’il cherche comment exister face à M. Barnier, M. Macron tente aussi de se faire pardonner par les parlementaires de son ex-majorité, au rythme de déjeuners organisés à l’Elysée. Mais la dissolution, incomprise et rejetée, a laissé des traces profondes. Et les députés de son camp qui ont survécu au scrutin du 7 juillet ne se sentent plus liés. Lâché par les siens, le président se replie sur son dernier carré de fidèles. Le 1er octobre, comme l’a révélé Le Figaro, il a invité à dîner ses vieux compagnons de route, à l’origine d’En marche !, Richard Ferrand, Philippe Grangeon, Stanislas Guerini et Julien Denormandie, pour évoquer l’unité, l’identité et l’avenir de sa famille politique – parce qu’« il ne veut pas que ça s’éteigne », résume l’un d’eux.

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