Chez les anciens Grecs, il y a neuf muses personnifiant chacune un art. Terpsichore est la muse de la Danse. Comme ses huit sœurs, elle est fille de Zeus et de Mnémosyne, la déesse de la Mémoire, avec laquelle le maître des dieux coucha neuf fois, nous dit Hésiode. Une fois par muse. Pour les Anciens, l’art est donc fils de la mémoire et d’un ordre cosmique qui parfois laisse parler la foudre.
C’est bien vu : sous ses aspects fantaisistes, la mythologie a souvent raison. L’art empêche d’oublier. L’art défie le chaos. Par un faux chaos, car constructif, celui-là. Parmi ces arts, il y a la danse, ce rituel sans mot qui rhabille le monde de grâce. Ça vous crèvera les yeux – mais vous y verrez bien mieux ensuite ! – si vous avez la chance d’assister à Play, le ballet qu’Alexander Ekman donne à l’Opéra Garnier. C’est merveilleux.
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Le corps y exulte dans des orages de balles vertes où les danseurs plongent, où des femmes-prêtresses se dressent sur leurs pointes, couronnées de bois de cerfs, avec des cosmonautes en vadrouille et un couple dont les corps en gloire réenchantent une usine.
Une femme en tailleur gris voudrait siffler la fin de la récré mais le charme est trop puissant : les adultes redevenus enfants veulent jouer encore. Or, quand les enfants jouent, c’est toujours chose sérieuse. Parce qu’il s’agit d’inventer d’autres mondes. Pour 2025, ce ne serait pa […] Lire la suite