Pathologie psychiatrique de la famille des TOC, la phobie d’impulsion apparaît le plus souvent en cas de fragilité mentale, émotionnelle ou physique.
Un tiers des personnes souffrant de TOC ont des phobies d’impulsion, ce qui représente environ 1 % de la population, soit 600 000 Français.
Méconnue et taboue, cette maladie suscite un profond malaise chez la personne atteinte en raison de son caractère transgressif.
Adopter un comportement obscène en public, se défenestrer ou se jeter sous un train, tuer un proche, frapper son bébé, commettre un acte pédophile, écraser un piéton en voiture… Peut-être avez-vous déjà eu l’une de ces pensées inavouables sans jamais passer à l’acte. Ni pervers ni psychopathe, vous souffrez sûrement d’une phobie d’impulsion. Mais pourquoi cette obsession de faire le mal est-elle si difficile à vivre au quotidien ?
Des pensées intrusives et envahissantes
Contrairement à ce que son nom laisse penser, il ne s’agit pas d’une phobie, mais d’une obsession. Celle de commettre un acte grave et répréhensible sur soi-même ou autrui, notamment sur des personnes que l’on aime. Des images et des pensées contraignantes s’imposent à la conscience des personnes souffrantes qui luttent pour les chasser sans y parvenir. Ces peurs, sources de rumination, peuvent survenir chez n’importe qui, mais elles tendent à assaillir particulièrement les sujets hypersensibles, bipolaires, dépressifs et anxieux.
La phobie d’impulsion peut survenir à la suite d’un événement traumatisant comme un viol, un changement de vie (déménagement, naissance d’un enfant…) ou en période de stress et de fatigue intense comme un burn-out. Le post-partum favorise aussi l’émergence des pensées intrusives.
Faut-il redouter un passage à l’acte ?
Édith Rosset, psychologue en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et auteur de l’ouvrage Mieux vivre avec une phobie d’impulsion grâce aux thérapies brèves, a observé chez ses patients une honte et une culpabilité profondes, mais aussi la crainte de passer pour un fou ou un criminel caché. La mise en place de stratégies d’évitement est récurrente chez les personnes atteintes. Par exemple, elles n’utilisent pas de couteaux quand elles reçoivent des amis par peur de les poignarder ou elles s’éloignent des fenêtres par crainte de sauter dans le vide.
Mais pour la spécialiste, cette approche ne fait qu’aggraver le trouble psychiatrique. Parce que les malades vivent constamment dans l’hypercontrôle et possèdent généralement une morale très élevée, le passage à l’acte est nul. En revanche, il est indispensable de se faire soigner lorsque les obsessions deviennent compliquées à gérer au quotidien. Une thérapie cognitive et comportementale est préconisée avec en complément de la méditation, de l’EMDR ou de l’hypnose.