jeudi, décembre 18

L’hiver est installé et, avec lui, la crainte de voir les factures énergétiques s’envoler. Dans un contexte de transition écologique, de nombreux Français s’interrogent : est-il utopique de vouloir se passer de radiateurs ? Si la question semble saugrenue pour les occupants de passoires thermiques, elle devient centrale dans la conception des maisons passives. Mais qu’en est-il pour le parc immobilier existant ? Entre astuces de grand-mère, innovations architecturales et enjeux de santé publique, nous allons examiner les conditions nécessaires pour braver le froid sans allumer la chaudière. Est-ce une question de volonté, d’équipement ou de physiologie ?

Comment fonctionne le concept de maison passive sans chauffage ?

Le concept de maison passive repose sur une idée simple mais techniquement exigeante : utiliser la chaleur dégagée par l’intérieur de la maison (habitants, appareils ménagers) et celle apportée par l’extérieur (soleil) pour répondre aux besoins de chauffage. Un bâtiment est considéré comme passif si son besoin en chauffage est inférieur à 15 kWh/m²/an. Pour atteindre cette performance, l’isolation doit être totale, supprimant tous les ponts thermiques.

Dans ces structures, le renouvellement de l’air est assuré par une VMC double flux avec récupération de chaleur. Ce système permet de préchauffer l’air entrant grâce aux calories de l’air sortant, sans que les deux flux ne se mélangent. Le soleil joue également un rôle crucial via l’apport solaire passif. Les vitrages, généralement triples, sont orientés vers le sud pour capter un maximum d’énergie durant la journée. Comme le souligne le site de l’ADEME, l’étanchéité à l’air est si poussée que la chaleur produite par une simple bougie ou par le métabolisme humain suffit presque à chauffer une pièce. Cependant, pour le commun des mortels vivant dans un appartement classique, reproduire ce schéma sans travaux lourds d’isolation par l’extérieur demeure un défi technique majeur, car la déperdition thermique par les murs et les fenêtres est souvent trop rapide.

Quelles sont les limites du corps humain face au froid intérieur ?

Vivre dans un logement sans chauffage n’est pas seulement une question de confort, c’est aussi un enjeu de santé. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise une température minimale de 18 °C dans les pièces à vivre pour des adultes en bonne santé. En dessous de ce seuil, les risques pour le système respiratoire et cardiovasculaire augmentent. Le corps doit en effet dépenser de l’énergie pour maintenir sa température interne à 37 °C, ce qui peut entraîner une fatigue accrue et une baisse des défenses immunitaires.

Le froid impacte particulièrement la qualité de l’air intérieur. Sans chauffage, le point de rosée est plus vite atteint, favorisant la condensation sur les parois froides. Cela entraîne le développement de moisissures, responsables d’allergies et d’asthme. L’humidité excessive aggrave les sensations de froid, créant un cercle vicieux. Pour compenser, l’alimentation joue un rôle clé : la digestion et la thermogenèse produisent de la chaleur. Néanmoins, rester immobile dans une pièce à 12 °C ou 14 °C, même bien couvert, finit par refroidir les extrémités, car le sang se concentre sur les organes vitaux. Le « confort » devient alors une notion très relative, souvent remplacée par une simple stratégie de survie thermique où l’on multiplie les couches de vêtements en laine ou en matières techniques.

Quelles solutions gratuites permettent de garder la chaleur chez soi ?

Si vous ne disposez pas d’une isolation de pointe, plusieurs réflexes permettent de limiter la baisse de température. La priorité absolue est de traquer les courants d’air, responsables de pertes de chaleur massives. Installer des boudins de porte et calfeutrer les huisseries avec des joints en mousse peut faire gagner quelques degrés précieux. Durant la journée, il est impératif d’ouvrir les rideaux et les volets dès que le soleil brille pour profiter de l’effet de serre naturel derrière les vitres. À l’inverse, dès la tombée de la nuit, fermer les volets et utiliser des rideaux thermiques épais crée une barrière supplémentaire contre le froid extérieur.

Une autre méthode consiste à réduire le volume à chauffer. En fermant les portes des pièces inoccupées, on concentre la chaleur humaine et celle des appareils électriques dans l’espace de vie principal. Le choix des textiles est également déterminant : les tapis au sol isolent du froid montant, tandis que les plaids en polaire ou en laine conservent la chaleur corporelle. L’utilisation d’une bouillotte reste l’un des moyens les plus économes et efficaces pour se réchauffer localement, notamment la nuit. Cependant, ces solutions ne font que ralentir le refroidissement naturel de l’habitat ; elles ne remplacent pas une source de chaleur permanente lorsque les températures extérieures chutent durablement sous le zéro.

Quels sont les dangers de ne pas chauffer son logement en hiver ?

Renoncer totalement au chauffage peut s’avérer dangereux, tant pour l’occupant que pour le bâti. Le risque principal pour l’infrastructure est le gel des canalisations. Lorsque l’eau stagne dans les tuyaux dans un logement non chauffé, elle peut geler, augmenter de volume et faire éclater les conduites, provoquant des dégâts des eaux majeurs au moment du dégel. C’est pourquoi les assurances et les experts recommandent de maintenir une température de « hors-gel », généralement fixée autour de 8 °C à 10 °C.

Par ailleurs, l’absence de chauffage incite souvent les habitants à boucher les aérations pour éviter le froid, ce qui est une erreur grave. Une mauvaise ventilation associée à l’utilisation de chauffages d’appoint de fortune (comme les poêles à pétrole sans évacuation ou, pire, des barbecues détournés) expose au risque mortel d’intoxication au monoxyde de carbone. Le Santé publique France rappelle chaque année que ce gaz est incolore et inodore, et qu’il cause des milliers d’hospitalisations. En résumé, si passer un hiver sans chauffage est théoriquement possible dans une structure ultra-performante, cela reste une épreuve risquée et inconfortable dans un logement standard. Le confort thermique ne dépend pas seulement du thermomètre, mais aussi de l’équilibre entre une température stable, une hygrométrie contrôlée et une ventilation saine.

Sources :

Lire l’article sur le site de Ça M’Intéresse

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