La mémoire est un outil complexe et puissant qui forge notre identité et permet de ne pas avoir à recommencer à zéro chaque jour.
La mémoire sélective est un phénomène naturel, car il est impossible de se souvenir de tous les événements.
Certains souvenirs douloureux peuvent être atténués grâce à des méthodes spécifiques.
82 % des Français considèrent avoir une bonne mémoire de manière générale, selon une enquête menée en 2024 par Toluna Harris Interactive. Mais personne n’est à l’abri d’un trou de mémoire. Par exemple, 31 % des Français connaissent régulièrement des pertes de mémoire à propos d’un titre de film ou d’un mot. 55 % se déclarent inquiets à ce sujet. Pourtant, il n’y a rien de préoccupant puisqu’il s’agit de la mémoire sélective.
Vous vous souvenez peut-être de votre ancien numéro de téléphone, mais vous êtes incapable de vous rappeler votre dernier repas. La mémoire sélective favorise l’oubli de certains souvenirs lorsqu’ils ne sont pas considérés comme importants ou pertinents. A contrario, certains d’entre eux semblent indélébiles. Ceux-là, peut-on volontairement les effacer de notre mémoire ?
Le travail de la mémoire
La mémoire sélective sert à « faire le ménage ». Comme l’explique le site de France Alzheimer, notre cerveau ne peut pas enregistrer tous les stimuli auxquels nous sommes exposés, car nous en recevons des millions tous les jours.
Lorsque les stimulis arrivent dans le cerveau, et plus précisément dans l’hippocampe, il effectue un tri entre les informations dites utiles, qu’il convient d’enregistrer dans la mémoire à long terme, et celles qu’il peut oublier. La mémoire sélective enregistre les informations les plus susceptibles d’avoir un intérêt pour nous.
Comment s’opère le tri des souvenirs ?
Certains souvenirs restent en mémoire, tandis que d’autres s’effacent. « Plus la charge émotionnelle associée à un événement est importante, mieux, il sera mémorisé« , révèle le site de France Alzheimer. Ainsi, il est quasiment impossible d’oublier le jour où l’on a été victime d’un accident ou d’une agression. En revanche, les jours lambdas ne sont pas retenus en mémoire. Dans The Conversation, José A. Morales Garcia, professeur et chercheur en neurosciences, explique que notre cerveau considère que les souvenirs liés à des émotions fortes sont utiles à notre survie. Grâce à nos souvenirs, nous faisons en sorte de ne pas reproduire une situation à risque, comme emprunter une rue dangereuse.
Le stress post-traumatique fait persister des souvenirs avec une haute intensité émotionnelle. Par exemple, il est presque impossible d’oublier naturellement un décès ou un viol, sauf en cas d’amnésie traumatique. Pour nous protéger, elle provoque un effacement partiel ou intégral de certains souvenirs. Des pathologies comme la maladie d’Alzheimer suppriment également des souvenirs, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Bientôt des méthodes pour oublier les traumas ?
Bien que nous ne puissions pas supprimer les souvenirs comme dans le film The Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, des pistes sont en cours d’exploration pour « désinstaller » des expériences négatives.
Le Professeur Alain Brunet, spécialiste canadien du stress post-traumatique, mène des travaux depuis plus de vingt ans sur le propranolol, un médicament utilisé en cardiologie. Associée à une psychothérapie, cette molécule soulage les patients de leur traumatisme dans 60 à 70 % des cas, se fait l’écho le magazine Ça m’intéresse. L’administration s’effectue avant la réactivation du souvenir en séance, afin de « dégrader la trace mnésique« , ce qui revient à gommer les détails.
De son côté, José A. Morales Garcia affirme dans The Conversation que des scientifiques de l’université d’York en Angleterre travaillent sur une méthode explorant les stimuli auditifs. Y recourir pendant le sommeil pourrait permettre d’effacer les expériences négatives.