vendredi, mai 3

Intimement liée au monde de l’enfance, la peur du noir continue de hanter certains adultes.
Craindre l’obscurité à un moment donné de sa vie est normal, surtout après la survenue d’un événement traumatisant.
Si cette peur perdure et bouleverse le quotidien, elle se transforme en phobie.

Souffrez-vous de nyctophobie ? Cette peur irrationnelle du noir ne doit pas être confondue avec la simple crainte de l’obscurité. La psychologue clinicienne Béatrice Copper-Royer, auteur du livre Peur du loup, peur de tout, explique que « la peur du noir remonte à la nuit des temps« . Déjà au XVIIIe siècle, Buffon écrivait dans son Histoire naturelle : « C’est de là que viennent la frayeur et l’espèce de crainte intérieure que l’obscurité et la nuit fait sentir presque à tous les hommes« . À en croire l’anthropologue Jacques Galinier dans le magazine Ça m’intéresse, elle s’avère aussi universelle. Dans toutes les cultures étudiées en profondeur, la nuit représente le danger. 

La peur du noir, incontournable chez les jeunes enfants

Courante chez l’enfant, la peur du noir apparaît entre dix-huit et vingt-quatre mois et cesse aux alentours de six ans. Elle s’inscrit dans le développement psychomoteur du jeune individu. Il ne faut pas s’inquiéter si votre progéniture a tendance à s’endormir avec une veilleuse.  

Et les contes ne font rien pour rassurer. Dans l’imaginaire collectif, les monstres, sorcières et autres ambassadeurs du mal débarquent au cours de la nuit. 

En altérant la vue et le sens de l’orientation, l’obscurité suscite l’inquiétude. Elle exacerbe l’ouïe et amplifie les bruits (de pas, du vent…). Aux aguets, les enfants s’imaginent tout un tas de choses. De manière plus large, l’obscurité reste liée aux ténèbres et à la mort. 

Pourquoi a-t-on peur du noir à l’âge adulte ?

Se méfier du noir est normal quel que soit l’âge. Il s’agit de l’instinct de survie. Toutefois, les inquiétudes s’envolent au fil des années. Peu à peu, les enfants n’ont plus besoin de garder la lumière allumée pour s’endormir paisiblement. 

Certains adultes n’ont pas dépassé cette phase. Si vous continuez à avoir peur du noir à tel point que vous redoutez l’obscurité des salles de cinéma ou des théâtres, il vaut mieux consulter. Pour Nicolas Neveux, psychiatre à Paris, cette peur irraisonnée puise sa source dans des réminiscences de l’enfance, dans un trop-plein d’anxiété ou correspond à la survenue d’un événement traumatique. 

Sentiment de vulnérabilité, peur de l’inattendu, angoisse de séparation à cause d’une perte, d’une rupture ou d’un deuil… autant de motifs qui expliquent la peur du noir et qui peuvent nécessiter une prise en charge.

Une phobie simple à soigner à l’âge adulte

Comme le souligne le psychologue clinicien Abdelkader Mokeddem sur le site Doctissimo, les adultes phobiques du noir et de l’obscurité n’osent pas en parler, car ils ressentent de la honte. Or, la nyctophobie reste une phobie simple à guérir même si vous en souffrez depuis vingt ans. Elle se soigne grâce à la thérapie cognitive qui consiste à objectiver ses pensées irrationnelles ainsi qu’à la thérapie comportementale dont le rôle est d’exposer progressivement l’individu à sa peur. 


Emilie CARTIER pour TF1 INFO

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