mercredi, juin 26

« Il s’avère que TotalEnergies est un acteur somme toute presque secondaire, en tout cas relativement moins important que, au hasard, la compagnie nationale saoudienne. » Lors d’une audition de la commission d’enquête du Sénat sur les obligations du géant pétrogazier français, fin janvier, le sénateur (centriste) du Tarn Philippe Folliot relativise le poids et l’influence de la multinationale. Avec un argument : TotalEnergies produit 1,4 million de barils de pétrole par jour, soit environ 1,5 % de la production et de la demande mondiales. Une goutte d’or noir par rapport à la production de Saudi Aramco, qui met sur le marché 12 millions de barils par jour.

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Le groupe dirigé par Patrick Pouyanné ne joue-t-il, pour autant, qu’un rôle de second plan ? Philippe Copinschi, spécialiste des questions énergétiques mondiales et professeur à Sciences Po, réfute l’idée que l’entreprise puisse être qualifiée d’acteur mineur. « Son poids est plus important que ce que suggère sa part de marché », a-t-il insisté devant les sénateurs.

D’abord, parce que la part du gâteau détenue par l’entreprise française n’est pas négligeable. « Il y a quelques grosses compagnies nationales, comme Aramco, l’iranienne NIOC ou la russe Rosneft, des majors privées comme ExxonMobil ou Shell, et très vite on arrive à TotalEnergies », explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie & climat de l’Institut français des relations internationales. Selon la société de recherche énergétique et de veille économique Rystad Energy, le groupe figure dans le top 15 des entreprises en termes de volumes de production pétrolière et gazière en 2023.

« Programmes complexes »

Ensuite, alors que la majorité des compagnies nationales cherchent essentiellement à maintenir leur production, les entreprises privées sont actives sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’exploration à l’exploitation, en passant par la distribution ou le transport. Ce sont aussi elles, en grande partie, qui investissent dans la recherche et le développement de technologies de pointe. Celles-ci peuvent permettre de diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées à la production d’hydrocarbures, mais visent aussi à exploiter des gisements difficiles d’accès.

« L’entreprise, réputée pour son efficacité, est recherchée parce qu’elle sait conduire des programmes complexes, qui sont très nombreux », a souligné, lors de son audition, Jean-Claude Mallet, le directeur des affaires publiques du groupe. La force de frappe financière d’un acteur comme TotalEnergies, à même de rallier le soutien de banques, peut également s’avérer décisive pour qu’un projet voie le jour.

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