vendredi, juillet 5

La perversion narcissique est une pathologie théorisée à la fin des années 80.
Il s’agit d’un comportement manipulateur, toxique, destructeur qui isole une victime.
Il est important de savoir identifier les signes pour s’en prémunir.

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Avec Elles

L’expression a été proposée pour la première fois en 1986 par le psychanalyste Paul-Claude Racamier. Dans son ouvrage Les Perversions narcissiques, paru en 1992, il définit le pervers narcissique comme « un narcissique en ce qu’il entend ne rien devoir à personne ; et est un pervers en ce qu’il entend faire activement payer par autrui le prix de l’enflure narcissique et de l’immunité conflictuelle auxquelles il prétend ». Le psychanalyste met en exergue deux mécanismes. D’une part, le désir de plaire et d’autre part, le déni de l’autre. La perversion narcissique est, selon le psychanalyste, « le besoin et le plaisir prévalents de se faire valoir soi-même aux dépens d’autrui« . Et, pour lui, chaque individu possède un potentiel de perversion narcissique avec un degré plus ou moins élevé qui peut s’exprimer de manière éphémère ou non. 

Comment reconnaître un pervers narcissique ?

Cet individu (qui peut être un homme ou une femme) est souvent une personne charismatique, avec une haute estime d’elle-même, qui se considère supérieur aux autres. Le pervers narcissique a un ego démesuré, témoigne du mépris et de la condescendance envers autrui. Il ne connaît ni remords, ni gratitude, en revanche, il dénigre et dévalorise son entourage. Il aime avoir la lumière sur lui, a besoin d’un public et cherche constamment l’attention d’une audience. En cas d’échec, il se victimise et remet la faute sur les autres plutôt que faire son auto-évaluation. Il ne possède pas d’empathie, cherche à isoler sa victime, entretient une communication floue dans ses relations. « Un noyau pervers a besoin d’adeptes à recruter, et d’exclus à bafouer ; il séduit les uns, qu’il endoctrine avec des bribes d’idées rudimentaires ; il discrédite les autres, avec des moyens d’humiliation perfectionnés« , écrit Paul-Claude Racamier. Il ajoute par ailleurs que le pervers narcissique n’agit pas uniquement dans le cercle familial ou amoureux. « Le noyau pervers va du petit groupe de pression qui parasite une entreprise ou un organisme de soins jusqu’à l’agglomérat rassemblé autour d’un tyran pour asservir son peuple en lui faisant miroiter la gloire et faire la guerre« .

Des conséquences néfastes sur la santé mentale de la victime

Pour le psychanalyste, le pervers narcissique témoigne d’une immaturité émotionnelle. Pour Christel Petitcollin, interrogée par Psychologies, les pervers narcissiques « sont des adultes qui ont les mêmes réactions qu’un enfant de cinq ans qui aime arracher les pattes des mouches sans réaliser que cela lui fait mal. Ils ne sont pas capables de voir la souffrance de l’autre. Ils ne le respectent pas et vont chercher à satisfaire leurs besoins à ses dépens« . Cette pathologie serait également un mécanisme de défense inconscient qui masque des conflits intérieurs non réglés résultant d’une douleur ou d’un traumatisme ou qui cache un état dépressif latent. 

Toutefois, cette pathologie peut être particulièrement nocive pour l’entourage, surtout lorsqu’elle aboutit à la manipulation, l’isolement, voire l’emprise. En effet, la victime d’un pervers narcissique se retrouve dans une situation où elle est dépossédée de son individualité, que ce soient ses émotions, ses besoins ou ses opinions, jusqu’à devenir un « objet-non-objet », selon le terme de Paul-Claude Racamier. La victime entre dans une spirale de culpabilisation et de dévalorisation jusqu’à perdre lucidité et réactivité intellectuelle. Elle est plongée dans un océan de mensonge, chantage, déni et flatterie.

Face à un tel comportement, il est important de ne pas se laisser faire et de se protéger. Les psychothérapeutes rappellent qu’il est indispensable de ne pas rentrer dans le jeu, de ne pas chercher à le changer, d’imposer des limites et des règles et de ne surtout pas céder au chantage. Par ailleurs, il est primordial de trouver du soutien auprès des proches, de rompre l’isolement et d’essayer de chercher du soutien ou de l’aide auprès de professionnel de la santé mentale. Enfin, parce qu’elle représente un danger sur le plan psychologique, il faudra soit prendre ses distances, soit quitter la personne toxique. Il existe des associations ou des groupes de paroles pour les victimes qui peuvent apporter un soutien moral, mais aussi donner des conseils pour se sortir de cette relation toxique.


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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