« Je tiens dans mes mains les gens de Kangoq comme autant de figurines, des poupées d’os et de plumes, des gigognes au ventre de soie. » Audrée Wilhelmy – mettez-vous bien son nom en bouche – est apparue comme un météore dans la littérature québécoise et, plus vastement, francophone, avec ses romans transgressifs, son écriture d’une sensualité inouïe et leur intemporalité proche du conte ou de la légende : Oss (2011), son premier livre, extrait de son mémoire d’écriture littéraire, est déjà repéré au Québec, où elle est née en 1985 d’un père minéralogiste et d’une mère prof de design.
Elle apparaît dans le paysage français avec Les Sangs, paru chez Grasset en 2015, suivi du Corps des bêtes, et déjà ces titres inscrivent son univers entre animaux et humains (des femmes, surtout, qui formeront une lignée), une marginalité, aussi, incarnée par les personnages du quatrième roman, Blanc Résine, prix Ouest-France-Étonnants Voyageurs, qui a valu aux festivaliers de Saint-Malo de découvrir la lauréate, passionnée de textile, vêtue comme si elle était d’un autre temps.
À LIRE AUSSI Anna Akhmatova, de ces poétesses qui éclairèrent la nuitEt voici déjà le sixième roman, publié au Tripode – choix mûri de l’autrice –, de cette guerrière aux armes littéraires et visuelles, car les images de celle qui est aussi plasticienne s’associent à la puissance d’une écriture, scandée, dans ce dernier livre, par une typographie en minuscules soulignant la pluralité des voix.
Peau-de-s […] Lire la suite