Rappelant que le Nouveau Front populaire (NFP) est arrivé en tête, le 7 juillet, le député européen (Renew) et ancien patron de WWF France Pascal Canfin, représentant de l’aile gauche de la macronie, appelle son camp à ouvrir les discussions avec la gauche et met en garde contre la tentation de ne s’allier qu’aux Républicains (LR). Cette alliance réduite à LR ne tiendrait, dit-il, que par le « soutien tacite » du Rassemblement national (RN).
La trêve olympique a été décrétée par le chef de l’Etat. Peut-on imaginer qu’un nouveau gouvernement émerge dès la fin des épreuves, après le 11 août ?
Se projeter après les Jeux olympiques, c’est faire preuve de bon sens. On ne peut pas changer de gouvernement avec les défis, notamment sécuritaires, que représente l’événement. Mais avoir un nouveau gouvernement rapidement est fondamental. Les partis politiques français doivent apprendre ce que l’immense majorité de leurs collègues européens font et ce que l’on vient de faire au Parlement européen en bâtissant une coalition autour de la présidente de la commission Ursula von der Leyen, allant du PPE (droite) aux Verts en passant par les centristes et les socialistes.
Est-ce imaginable en France ?
Il faut un discours sur la méthode. Dans toutes les démocraties européennes qui ont une culture de coalition, le premier groupe arrivé en tête des élections doit prouver qu’il est capable de trouver une majorité à l’Assemblée. En France, il s’agit du NFP.
Si le point de départ de cette coalition est le NFP, Emmanuel Macron a-t-il eu tort de ne pas accepter la nomination de Lucie Castets à Matignon ?
Le NFP n’a pas de majorité seul. Il ne peut pas prétendre gouverner en disant : “Nommez-moi à Matignon et je vais faire mon programme tout seul.” Ça ne se passe jamais ainsi. Mais c’est au NFP de tendre la main à d’autres groupes politiques pour chercher une majorité. Le paradoxe est que ce scénario, qui est le plus naturel dans toutes les autres démocraties européennes, n’a toujours pas commencé. Peut-être fallait-il passer par la nomination d’une candidate première ministre de la part du NFP pour qu’il y ait un interlocuteur ? Maintenant, il faut créer des ponts et non ériger des murs avec le NFP pour que les discussions puissent formellement débuter.
Le camp présidentiel semble ne s’adresser qu’à la droite…
Une majorité de députés sous la bannière Ensemble pour la République (EPR) avec qui j’ai échangé ne veulent pas d’une coalition exclusive avec LR. Pour une raison de fond d’abord : le pacte législatif proposé par Laurent Wauquiez est un programme très à droite qui ne correspond pas au point d’équilibre d’Ensemble. Ensuite, cette coalition n’aurait pas de majorité seule. Elle rassemble au mieux 213 députés. Elle ne pourrait donc tenir que par le soutien tacite du Rassemblement national (RN). Ce serait l’exact contraire de l’esprit du front républicain mis en place lors des élections.
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