mardi, novembre 5

Depuis 2 ans, l’État a versé 30 milliards d’euros d’aides exceptionnelles pour les hôpitaux.
Pour autant, la qualité des soins et l’accueil aux services d’urgence sont-ils meilleurs ?
Pour le savoir, le JT de TF1 a passé une journée à l’hôpital de Valenciennes dans le nord.

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La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

Depuis deux ans, l’hôpital public de Valenciennes a bénéficié de 60 millions d’euros de plus. L’objectif : améliorer la prise en charge des malades. Aux urgences par exemple, un nouveau patient arrive toutes les trois minutes. Pour gérer le flux, des soignants ont été embauchés et l’équipe s’est réorganisée. Un poste de médecin régulateur a par ailleurs été créé. Son rôle est d’identifier les cas les plus urgents pour qu’ils soient pris en charge au plus vite afin de réduire les délais d’attente. Pourtant, les malades continuent d’attendre parfois plusieurs heures. Pourquoi ?

L’absence de médecin en ville coûte cher à l’hôpital

« Tout le monde vient à l’hôpital parce que c’est le seul recours possible qui est immédiat. On a l’impression de ne s’occuper que de la bobologie et rarement des pathologies vitales et des patients qui attendent sur leur brancard sans rien dire. Alors que parfois, vous avez des patients dont on sait qu’ils n’ont pas quelque chose de grave », atteste Nicolas Roothaer, médecin urgentiste au Centre Hospitalier de Valenciennes, dans le reportage ci-dessus. 

En cause : pas assez de médecins en ville. Résultat aux urgences, 1 malade sur 2 n’a rien à y faire. C’est le cas d’un patient qui vient pour une rage de dents. « Il faut que vous voyez un dentiste », lui lance le médecin de garde.  « Il n’y a aucun dentiste de disponible. Ils ne veulent plus prendre de nouveaux patients ou autre, donc il faut se débrouiller comme on peut », lui répond le malade. Il le sait, trouver un dentiste sera difficile. L’absence de médecin en ville coûte cher à l’hôpital, car les patients arrivent trop tard quand leur pathologie nécessite des soins plus coûteux. 

Prenons à présent le cas d’une jeune fille qui vient pour un abcès dentaire. « Un scanner, c’est plusieurs centaines d’euros. Une hospitalisation, c’est pareil, voire peut-être plusieurs milliers d’euros s’il y a un geste chirurgical. Potentiellement, ça peut coûter plusieurs milliers d’euros, donc beaucoup plus cher qu’une simple consultation chez un dentiste », explique Nicolas Roothaer. 

On aurait une carte à puces où l’ensemble des examens seraient mis à l’intérieur au niveau national, ça serait une marge d’économie énorme.

Sandrine Van Oost, cadre supérieur de santé du pôle urgences de l’hôpital de Valenciennes.

Mais ça n’est pas tout, chaque personne soignée aux urgences subit systématiquement une batterie d’analyses sans vérifier si certains examens ont déjà été faits ailleurs. « Parfois, il y a de la redondance, c’est-à-dire que vous allez faire un bilan en ville, mais on lui refait son bilan sanguin. Donc ça, c’est bien un coût pour la société par exemple. On aurait une carte à puces où l’ensemble des examens seraient mis à l’intérieur au niveau national, ça serait une marge d’économie énorme », admet Sandrine Van Oost, cadre supérieur de santé du pôle urgences de l’hôpital de Valenciennes.

Des redondances coûteuses, des médecins en ville trop peu nombreux… Depuis 2 ans pourtant, 30 milliards d’euros supplémentaires ont été débloqués. Tandis que l’hôpital public coûte en moyenne à chaque français 150 euros par mois. « On voit bien qu’il n’y a quasiment pas d’améliorations visibles de l’hôpital. Il y a une mercenarisation où on est passé de 5.000 à 10.000 médecins en intérim, avec des milliers d’infirmières qui sont en intérim. Toute organisation humaine sait que ça coûte extrêmement cher », analyse Frédéric Bizard, économiste de la santé. 

L’hôpital de Valenciennes, lui, fait partie des établissements les mieux gérés de France. C’est même l’un des rares à ne pas perdre d’argent. Pour désengorger les urgences, il construit un centre de soin qui pourra accueillir une centaine de patients par jour. Un projet de 32 millions d’euros en partie financé par l’État.


V. F Reportage TF1 : Fabien Chadeau et Gilles Parrot

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