samedi, mai 11
L’athlète jamaïcaine Shericka Jackson, sur la ligne d’arrivée du relais 4 × 100 m des Jeux olympiques de Tokyo, le 6 août 2021 au Japon.

« Nous sommes dans une vallée hyper centrale. » Il faut toute la force de persuasion d’Alain Zobrist pour convaincre son interlocuteur de l’« hypercentralité » de Corgémont, paisible commune de moins de 2 000 habitants sur les hauteurs du lac de Bienne, dans le canton helvète de Berne. Le responsable du projet olympique et paralympique chez Omega insiste : « La vallée est très connue pour l’horlogerie, les grandes marques sont toutes à quinze, vingt minutes de trajet les unes des autres. » Le patron de Swiss Timing, la filiale de Swatch Group (dont Omega fait partie) consacrée au chronométrage sportif, explique encore que c’est ici qu’ont été mis au point les trente chronographes utilisés aux Jeux olympiques (JO) de Los Angeles de 1932. Pour la première fois dans l’histoire olympique, le chronométrage des épreuves – confié jusque-là à des chronométreurs différents, manipulant chacun son propre appareil – revient à une maison horlogère, capable de fournir des équipements identiques et en nombre. Cette année-là, les résultats sont précis à un dixième de seconde.

Près d’un siècle plus tard, la manufacture installée à Bienne, où siège également son concurrent Rolex, sera le chronométreur des épreuves olympiques (du 26 juillet au 11 août) et paralympiques (du 28 août au 8 septembre) de Paris 2024. Mais la comparaison entre les deux éditions s’arrête là. Les chronographes transportés dans une mallette dans l’entre-deux-guerres ont trouvé leur place au musée ; et la marque suisse prévoit de déployer cet été en France une équipe de 550 chronométreurs et d’acheminer quelque 350 tonnes de matériel.

« L’installation devrait être achevée une dizaine de jours avant la cérémonie d’ouverture, et l’ensemble du dispositif sera prêt deux jours avant, pour les sports dont les compétitions débutent dès le 24 juillet », détaille Alain Zobrist, rencontré en mars dans les locaux de Swiss Timing. Ce calendrier paraît tardif, mais, en réalité, les équipes d’Omega et du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) collaborent depuis deux ans et demi sur les installations, et une partie du matériel a déjà franchi la frontière. Des tests events (« épreuves tests »), montés à l’initiative des organisateurs des JO ou de certaines fédérations sportives, ont permis de vérifier, en conditions réelles, le bon fonctionnement du dispositif technique.

Câbles, écrans, caméras… De grandes malles à roulettes alignées dans le hangar de l’entreprise, à Corgémont, attendent l’heure du départ. Une autre aile du bâtiment abrite le time keeping lab (« laboratoire du maintien du temps »). Au sein de ce labo, ainsi qu’à Leipzig (Allemagne) et dans le pôle numérique de Liberec (République tchèque), près de 180 ingénieurs en recherche et développement se relaient pour concevoir, tester et paramétrer des appareils de mesure du temps adaptés aux exigences du programme olympique.

Il vous reste 62.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version