vendredi, décembre 5

L’initiation au théâtre dans l’éducation est précieuse, à tous les niveaux scolaires. Comme pour les autres arts du spectacle vivant – arts du cirque, de la rue, de la marionnette et danse –, elle suppose le lien direct avec les lieux de création et l’apport des artistes au sein même des classes et des établissements scolaires. La pérennité de cette expérience de rénovation pédagogique réussie et de démocratie culturelle est pourtant aujourd’hui mise en danger.

Tout indique en effet que le travail important développé depuis des décennies par nombre d’enseignants et de structures théâtrales, renforcé grâce à l’élan donné par le plan Lang-Tasca pour les arts et la culture à l’école (mis en œuvre à partir de 2001), se trouve désormais gravement fragilisé. Budgets réduits, gestion erratique du Pass culture, coupes drastiques des financements aux associations régionales de théâtre-éducation, menaces sur les options théâtre en lycée, absence de soutien aux ateliers théâtre, réduction des sorties au théâtre avec les élèves, mise en suspens des outils pédagogiques, abandon des formations conjointes entre artistes et enseignants…

Tous ces reculs conjugués démoralisent de nombreux partenaires artistes et enseignants, et privent des milliers d’élèves de formes de transmission coopératives et dynamiques. Celles qui permettent d’apprendre collectivement, de façon active et vivante, en reliant passé et présent, art et savoir.

Un art rassembleur

Avons-nous besoin de justifier ce que nous savons depuis trois mille ans : que le théâtre est un art civilisateur et rassembleur, qu’il met les mots du poète dans le souffle et le mouvement des corps, qu’il interroge notre histoire et notre façon de rendre le monde plus humain ? Faut-il réaffirmer ce que les élèves, les parents, les chefs d’établissement, les enseignants, les artistes, les auteurs, les éditeurs, les élus disent, c’est-à-dire que ces expériences d’initiation sont bénéfiques et irremplaçables dans le parcours scolaire des élèves et leur devenir ? Faut-il préciser que les universités, comme certaines entreprises, reconnaissent les acquis essentiels conférés par de telles initiations – le sens du collectif, un autre rapport à la langue et à l’oral, des capacités d’invention, d’organisation et de prise d’initiative ? Doit-on rappeler que le président de la République lui-même avait déclaré, en janvier 2024, que le théâtre devait être « un passage obligé au collège » ?

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