Les « jours heureux » seraient-ils de retour ? N’en déplaise aux grincheux des extrêmes, les Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 viennent d’offrir aux Français une sensation de fraternité patriotique que l’on croyait définitivement enterrée sous les décombres de la République en miettes.
Le goût de l’effort partagé, la solidarité dans la performance, la communion festive, le bonheur d’être et de gagner ensemble, autant de valeurs que l’on croyait disparues depuis les années de crise, depuis les « gilets jaunes », le Covid-19, les retombées de la guerre en Ukraine et la brutalisation d’une scène politique plus que jamais fracturée. Et voilà que, par la magie du sport et le talent des athlètes, toutes les barrières mentales que les ingénieurs du déclinisme et de la division se sont évertués à ériger depuis des décennies se sont effondrées en quelques jours comme des châteaux de cartes. C’est ainsi que nos athlètes, pour beaucoup issus du métissage, ont multiplié les exploits sportifs, les médailles ainsi que les déclarations d’amour à leur seule et unique patrie, la France.
Si l’on veut tirer quelques enseignements politiques de ces jours heureux de l’olympisme, c’est d’abord cette résurgence patriotique qu’il convient de souligner, du côté des athlètes comme de leurs supporteurs, fraternellement unis dans la célébration de leurs héros, drapés de tricolore, au son de La Marseillaise jaillie de mille poitrines enflammées.
Unité patriotique
Il n’y avait d’ailleurs aucune contradiction, aucune tension entre les encouragements teintés de chauvinisme à nos athlètes et la célébration des autres, venus du monde entier. Le nationalisme des supporteurs français a été d’ouverture, de fraternité et d’inclusion, aux antipodes du nationalisme fermé et d’exclusion que l’extrême droite a cultivé depuis la fin du XIXe siècle. Une bonne claque à ceux qui revendiquent le monopole du patriotisme, le réservant a priori aux « souchiens », comme à ceux qui le rejettent par essence, au nom de l’internationalisme prolétarien.
On entend déjà dans le petit monde politico-médiatique ceux qui attendent avec gourmandise le retour de nos guerres intestines, de nos fractures sociales et de nos postures de conflictualité. Ils pourront bientôt se réjouir, n’en doutons pas, car les jours heureux sont éphémères. C’est ainsi que la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, matrice de ces moments de célébration d’unité et d’espérance, laissa place aux affrontements sanglants entre monarchiens et patriotes, avant même que Louis XVI n’ait trahi la Révolution. Oui, évidemment, le sentiment d’unité patriotique et d’espérance festive va s’estomper rapidement de la scène publique, comme ce fut toujours le cas au lendemain de ces périodes d’euphorie collective qui caractérisent les jours heureux.
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