mercredi, octobre 23

Après les voitures électriques, et alors que l’avenir se réduit pour les moteurs thermiques, les sociétés de transport commencent, elles aussi, à s’intéresser aux versions zéro émission.
Car rouler plus propre peut aussi se révéler être un avantage économique.
Un camion qui roule au diesel coûte 40 centimes au kilomètre, contre seulement 20 pour un véhicule électrique.

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La voiture électrique, le véhicule de demain ?

Avant, il y avait les réservoirs de diesel. Mais les odeurs de gasoil sont terminées pour Sébastien. Depuis quelques semaines, ce chauffeur roule à l’électrique . Nous l’accompagnons dans sa tournée quotidienne autour de Lyon. « Là, le camion me dit que je peux faire 300, 345 kilomètres avec 100% de charge. Pour ce qu’on fait, il peut faire la journée largement », explique le chauffeur de poids lourd. « J’avais beaucoup de réserve au début, j’étais un peu sceptique par rapport aux véhicules électriques . Et en fin de compte, une fois qu’on y a goûté, je préfère avoir un camion électrique qu’un camion thermique. On n’a pas le bruit du moteur dans les oreilles, on est moins fatigué, je suis beaucoup moins fatigué le soir », ajoute Sébastien. 

Nous rechargeons la nuit, l’électricité coûte moins cher et donc c’est la combinaison gagnante

Bruno Kloeckner, directeur général XPo Logistics France

Mais avec un camion plus silencieux, il a dû adapter sa conduite. « Quand on passe dans les endroits en ville où il y a beaucoup de piétons, il faut faire plus attention. Vu qu’il n’y a pas de bruit ni rien, les piétons ne nous entendent pas arriver », précise le conducteur. Autre nouveauté pour Sébastien, il doit recharger son camion au dépôt chaque soir pour pouvoir repartir le lendemain. Un geste loin d’être anodin pour son employeur. « Nous rechargeons la nuit, l’électricité coûte moins cher et donc c’est la combinaison gagnante pour nous », détaille Bruno Kloeckner, directeur général XPO Logistics France. Cela représente même une économie considérable pour l’entreprise, dont la majorité des camions roulent encore au diesel. Il coûte 40 centimes au kilomètre contre seulement 20 centimes pour un véhicule électrique, deux fois moins cher. 

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Il nécessite aussi moins de maintenance. « On va garder un véhicule électrique sept ans lorsqu’on garde un véhicule diesel entre 4 et 5 ans », avance Bruno Kloeckner. Mais contrairement aux camions traditionnels, ces véhicules électriques ne sont pas adaptés aux longues distances. Le réseau de recharge n’est pas encore assez développé, mais les constructeurs font de grandes avancées en matière d’autonomie. Mercedes propose déjà ce modèle permettant de parcourir 500 kilomètres sans recharge. Chez Renault Trucks, qui nous a ouvert les portes de son usine à Bourg-en-Bresse, on promet de faire encore mieux. « Dès 2025, on aura un véhicule qui aura près de 600 kilomètres d’autonomie, qui est un peu le seuil psychologique qui permet à nos clients de basculer sans être inquiets », explique Christophe Martin, directeur général de Renault Trucks France. Mais l’électrique ne représente aujourd’hui que 5% de ses ventes. Difficile encore de convaincre les clients de renoncer à un diesel qui coûte 100.000 euros en moyenne contre 300.000 pour un électrique. 

« Pour les petites entreprises, c’est très compliqué »

Les responsables sont de loin les batteries , qui représentent 50% du coût total du camion. Comme pour les voitures, les aides de l’État seront primordiales. « Un client pour ce type de matériel peut demander jusqu’à 90.000 euros d’aide. Et si le client a 90 000 euros d’aide, alors le coût total d’exploitation de ce camion est moins élevé que le camion diesel », ajoute Christophe Martin. Encore faut-il pouvoir investir au départ. Les transporteurs ont-ils tous les capacités financières de le faire ? « Pour les petites entreprises, c’est effectivement très compliqué. 30% sont aujourd’hui déficitaires », constate Erwan Celerier, délégué affaires techniques, environnement et innovation à la Fédération nationale des transports routiers (FNTR). Pourtant, il y a des aides publiques qui existent. « Alors oui, à hauteur de 115 millions d’euros pour l’année 2024. Néanmoins, ces aides doivent être mises en perspective avec le surcoût global qui, lui, est évalué à 23,5 milliards d’euros sur la période 2022-2040 », précise le spécialiste. Cela englobe l’achat de camions et le coût des infrastructures de recharge. 

Mais d’un point de vue environnemental, est-ce vraiment la bonne option pour verdir le transport routier qui représente 7% des émissions de gaz à effet de serre ? « Sur l’ensemble du cycle de vie, on va avoir un bilan carbone qui est jusqu’à 10 fois meilleur qu’un camion diesel », affirme Marie Chéron, experte mobilités. Mais n’y a-t-il pas d’autres alternatives ? « Quand on va chercher sur les autres solutions, que ce soit biogaz ou carburant, on n’arrive pas à avoir les mêmes bénéfices environnementaux d’une part. Et de deux, on se heurte immédiatement à la disponibilité de ces ressources-là », ajoute la spécialiste. Si l’électrique avance encore lentement dans le transport routier, avec seulement 1% des nouvelles immatriculations l’an dernier, la dynamique semble enclenchée. Selon les prévisions des constructeurs, d’ici 2030, un camion sur deux sorti d’usine sera électrique.


La rédaction de TF1info | Reportage : Julien Roux, Thierry Valtat, Fabienne Moncelle

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