mercredi, janvier 8

Évoquant ce lundi l’intervention française contre le terrorisme depuis 2013, Emmanuel Macron a estimé que ses homologues africains avaient « oublié de nous dire merci ».
Des propos jugés préoccupants par le ministre tchadien des Affaires étrangères qui dénonce « une attitude méprisante » à l’égard « de l’Afrique et des Africains ».
Lors de la Conférence annuelle des ambassadeurs, le chef de l’État français a par ailleurs évoqué une réorganisation du dispositif français sur le continent.

Des propos qui ne passent pas. Le ministre tchadien des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah dénonce ce lundi soir « l’attitude méprisante » d’Emmanuel Macron vis-à-vis des dirigeants africains lors de la Conférence annuelle des ambassadrices et des ambassadeurs un peu plus tôt dans la journée à l’Élysée. 

Alors qu’il évoquait ses priorités de politique étrangère pour les mois à venir, le chef de l’État a estimé que la France a eu « raison » d’intervenir en Afrique « contre le terrorisme depuis 2013 » et que ses homologues africains ont « oublié de nous dire merci« .

« C’est pas grave, ça viendra avec le temps« , a-t-il ironisé. « Je le dis à tous les dirigeants africains qui n’ont pas eu le courage vis-à-vis de leur opinion de le porter : aucun d’entre eux ne serait aujourd’hui avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région« . 

Les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain

Abderaman Koulamallah

« Le Gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains« , a déploré en réaction Abderaman Koulamallah dans un communiqué lu à la télévision d’État ce lundi soir.

Le chef de la diplomatie tchadienne a rappelé « qu’il n’a aucun problème avec la France » mais que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain« . Abderaman Koulamallah a par ailleurs souligné le « rôle déterminant » de l’Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales » que « la France n’a jamais véritablement reconnu » ainsi que « les sacrifices consentis par les soldats africains« .

Nous ne sommes pas les supplétifs de putschistes

Emmanuel Macron

La France s’est engagée militairement au Sahel pendant une décennie pour lutter contre les djihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique avec les opérations Serval puis Barkhane qui ont fait 58 morts dans les troupes françaises. Mais elle a été contrainte d’évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, après l’arrivée au pouvoir dans ces trois pays de juntes militaires qui se sont rapprochées de la Russie.

« On est partis parce qu’il y a eu des coups d’État, parce qu’on était là à la demande d’États souverains qui avaient demandé à la France de venir« , a encore dit Emmanuel Macron. « La France n’y avait plus sa place parce que nous ne sommes pas les supplétifs de putschistes » et que « le dialogue avec l’Afrique ne peut pas être l’otage d’un panafricanisme de bon aloi, contemporain, qui utilise en quelque sorte un discours post-colonial« .

Un premier contingent de soldats français a également quitté fin décembre le Tchad, qui a formulé une demande similaire fin novembre, tout comme le Sénégal, confirmant une réorganisation du dispositif français. « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence militaire« , a fait valoir lundi le président français. « C’est difficile parce qu’il y a des nostalgiques, parce qu’il y a des gens qui ne comprennent pas ou qui ne veulent pas comprendre, et parce qu’on bouscule des intérêts acquis« . 


Jérôme VERMELIN

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