dimanche, mai 12
Le bateau à voiles « Canopée » utilisé pour transporter des éléments de la fusée spatiale Ariane-6, amarré au port du Centre spatial, à Kourou (Guyane), le 23 mars 2024.

La marine à voile est-elle en train d’opérer son grand retour ? On ne compte plus les projets éoliens dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre qui prend forme dans le transport maritime. A ce stade, note Pierre Marty, chercheur au Laboratoire de recherche en hydrodynamique, énergétique et environnement atmosphérique de Nantes, « les seuls bateaux véritablement décarbonés sont les voiliers, mais ils représentent une part infime du secteur ».

Des initiatives fleurissent un peu partout. En Bretagne nord, le chocolatier Grain de Sail vient de créer une liaison transatlantique avec un cargo à voile de 52 mètres de long, qui a pris le départ le 15 mars de Saint-Malo, direction New York. A Concarneau (Finistère), la compagnie Towt achève la construction d’un voilier-cargo de 80 mètres, l’Anemos, qui sera mis à l’eau cette année pour réaliser du fret à base de palettes et non plus de conteneurs. Quatre autres bateaux de ce type sont en commande. La société Vela-Sail for Goods, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), met la dernière main, pour sa part, à un trimaran-cargo de 65 mètres. A partir de 2025, elle proposera du fret entre l’Europe et les Etats-Unis, avec des palettes elle aussi.

Dans certains cas, les voiles sont rigides, comme celles du cargo de 89 mètres de la coopérative marseillaise Windcoop, dirigée par Nils Joyeux, l’inventeur de Canopée, le bateau à huit voiles rectangulaires utilisé depuis novembre 2023 pour transporter en Guyane les morceaux de la fusée Ariane-6. Le bateau de Windcoop possède deux mâts et effectuera des navettes entre Marseille et Madagascar avec 1 400 tonnes de fret à bord.

Autre exemple de voile rigide, celle fabriquée à l’aide de panneaux en composite repliables par les Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, haut lieu de la construction navale française, et en cours d’installation sur un bâtiment de 136 mètres appartenant à l’armateur Neoline, avec deux mâts basculants. Le même dispositif équipera bientôt un bateau de croisière de luxe du groupe Accor, avec trois gréements associés à une propulsion hybride au gaz naturel liquéfié.

Cerf-volant de 400 mètres carrés

D’autres idées encore plus originales sont en train de prendre forme. Inspirée par le parapente, la start-up Wisamo de Michelin, à Nantes, a inventé une aile gonflable capable de se hisser et de s’affaler autour d’un mât télescopique, au moyen de ventilateurs basse pression. Elle est destinée aux porte-conteneurs, vraquiers, rouliers et citerniers, comme moyen de propulsion supplémentaire au moteur à combustion. La société Beyond the Sea, sur le bassin d’Arcachon, teste quant à elle une aile de kitesurf, sorte de cerf-volant de 400 mètres carrés, qui permettrait de tracter de gros bateaux pour réduire là aussi la consommation de fioul.

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