Le yacht « Bayesian » a fait naufrage à l’est de Palerme, en Sicile, dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 août.
Le luxueux super voilier de 56 mètres a sombré en seulement quelques minutes après le passage d’une trombe marine.
Comment a-t-il pu couler aussi vite ? Comment expliquer le fait que les autres bateaux autour de lui n’ont pas été touchés ? TF1info fait le point.
Quelques minutes auront suffi à le faire sombrer. Ancré au large de Porticello, dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 août, le yacht « Bayesian », propriété du richissime homme d’affaires Mike Lynch, brillait avec son mât en aluminium, le plus haut du monde pour un voilier de ce type. C’est à ce moment qu’une tornade s’est abattue sur la zone, le faisant chavirer, avant qu’il ne coule pas en quelques secondes. Pourtant, grâce à sa structure et à sa quille, le bateau est considéré comme un « corps insubmersible », précise sur Sky News, Giovanni Costantino, patron du groupe naval The Italian Sea Group, propriétaire du chantier naval Perini navi qui a construit le « Bayesian ». Comment ce voilier, considéré comme l’un des plus sûrs au monde, a-t-il pu être englouti aussi rapidement ? On vous donne quelques éléments de réponse.
La trombe marine, « violente et localisée »
Tout d’abord, une telle rapidité, sans qu’aucun autre bateau n’ait été touché autour, peut s’expliquer par la trombe marine, colonne d’air et d’eau en rotation qui s’observent exclusivement sur la mer. Elle prend la forme d’un tourbillon de vent, et peut s’apparenter à « une violente tornade » terrestre, détaille Jean-Marie Dumon, délégué général adjoint au Groupement français des industries de construction et activités navales (Gican) auprès de l’AFP. « Là, c’est un des phénomènes qui sont un peu plus rares, mais qui provoquent en mer une tornade très violente, très localisée », explique-t-il.
Des phénomènes pouvant être accentués « quand ils se déclenchent par une différence de températures entre une couverture nuageuse fraîche et une surface de l’eau très au-delà de la température habituelle », comme c’est actuellement le cas à certains endroits de la Méditerranée. Comment un si grand yacht, habitué aux océans agités, a-t-il pu s’abîmer en mer ? Selon cet ancien officier de la marine, l’extrême hauteur de son mât aurait amplifié le basculement du navire, qui s’est très vite couché sur le côté et s’est rempli d’eau. « Les autres bateaux avaient peut-être un rapport de stabilité par rapport au mât qui était différent, c’est une hypothèse », précise Jean-Marie Dumon.
Erreur humaine ?
S’il n’y a pas de doute sur le fait qu’une trombe marine ait conduit au naufrage du voilier, de potentielles erreurs humaines sont pointées du doigt. « Tout ce qu’il s’est passé révèle une longue série d’erreurs », affirme de son côté Giovanni Costantino, dans différentes interviews accordées à Sky News et aux médias italiens. Selon des témoignages, le voilier aurait très vite absorbé une importante quantité d’eau, à cause notamment de fenêtres ou d’écoutilles ouvertes qui auraient accéléré le processus.
Autre interrogation : certains se demandent si la quille, sorte de lame qui dépasse de la coque du bateau, était abaissée ou relevée au moment de la tempête. Cette espèce d’aileron permet de faire contrepoids au mât, mais selon les premières observations des plongeurs, cette dérive mobile était en effet partiellement relevée. Une situation pouvant rendre le voilier plus vulnérable face à cette tempête, détaille l’océanographe Simon Boxall, cité par le média canadien CBC.
Les pompiers italiens ont retrouvé ce vendredi le corps de la fille du magnat britannique de la tech Mike Lynch, dernière disparue de ce naufrage qui a fait sept morts au total, dont le milliardaire lui-même. Les deux enquêtes ouvertes permettront quant à elles de lever le voile sur les questions restées en suspens.