A cheval sur leur ligne d’eau, Ugo Didier et Hector Denayer se font face, les bras en miroir. Encore un peu hébétés, les deux copains s’apprêtent à partager le podium du 200 mètres quatre nages, jeudi 5 septembre, respectivement deuxième et troisième (dans la catégorie SM9, dédiée aux nageurs ayant une déficience de la coordination, une faiblesse d’une jambe ou l’absence de membres).
Un bis repetita pour les Français, déjà ensemble sur le podium des championnats d’Europe à Funchal (Portugal), fin avril, sur cette même épreuve (or pour Didier, argent pour son cadet). « On en avait rêvé aux championnats d’Europe et on l’avait fait. Cette fois-ci, on ne s’en est même pas parlé, car on savait qu’il y avait de la densité, on a juste cherché à faire notre course de notre côté et à donner le meilleur de nous-mêmes », racontait Hector Denayer. A tout juste 19 ans, le licencié de l’Alliance Dijon Natation avait déjà décroché l’argent sur le 100 m brasse (SB9), pour ses premiers Jeux paralympiques.
Pour son aîné, âgé de 22 ans, c’est la troisième médaille depuis le début de la compétition, après l’or sur 400 m nage libre le premier jour et l’argent sur 100 m dos. « Quand je vois la lumière s’allumer sur mon plot, je suis supercontent, directement je regarde où s’est allumée la troisième lumière et quand je vois que c’est Hector tout au bout, je n’en reviens pas, a réagi Ugo Didier. [Ce doublé], on ne l’avait même pas envisagé tant la concurrence était dense. Partager un podium paralympique, c’est un moment extraordinaire. » Médailles autour du cou, les deux Français ont savouré leur victoire avec leur public, faisant la ola devant la marée de drapeaux tricolores.
Ola et tour d’honneur
Ce doublé – le deuxième après celui des frères Portal – est d’autant plus inattendu que, jeudi matin, en séries, Hector Denayer s’était fait peur, se qualifiant d’extrême justesse. « J’ai eu un peu de chance de rentrer dans cette finale, mais j’ai su la concrétiser. Ce rôle d’outsider me va bien, je suis chez moi, je fais le show comme je sais le faire, a commenté le cadet, atteint d’agénésie de la main gauche. Je suis parti vite en papillon, en dos, j’ai réussi à m’accrocher et une fois que je suis parti en brasse, je ne voyais plus personne, j’étais isolé dans mon coin. »
Il s’est employé dans les quinze derniers mètres pour finalement signer un chrono de 2 min 17 s 34. Grand favori, l’Australien Timothy Hodge n’a jamais été inquiété (2 min 13 s 31), malgré la stratégie mise en place par Ugo Didier (2 min 15 s 98). « Je savais que ça allait être très difficile d’aller le chercher. Je voulais partir assez fort pour le faire un peu paniquer et qu’il se crispe dans sa nage. Bon, ça n’a pas marché, mais j’ai tout donné », s’est satisfait le Toulousain, qui ne s’était pas entraîné spécifiquement pour cette épreuve, cette année.
Il vous reste 40.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.