Entre les avions en partance et le pont routier de Cheviré, plusieurs rangées de conteneurs blancs complètent désormais le paysage, en bordure de Loire, dans la zone industrielle du port maritime de Nantes. Cinquante-deux « mégapacks » de batteries, pour être exact. Soit le plus grand parc français de batteries stationnaires pour stocker de l’électricité.
Ces sortes de grandes piles cadenassées doivent aider à « équilibrer le réseau électrique », c’est-à-dire à éviter toute coupure généralisée, décrit Clément Girard, directeur général de l’entité française de Harmony Energy, la société britannique à l’initiative du parc. Le site est raccordé depuis le mois d’août, mais sa cérémonie d’inauguration est prévue mardi 16 décembre. D’une puissance de 100 mégawatts (MW), il est en capacité d’injecter 200 mégawattheures (MWh) sur le réseau. De quoi couvrir, sur une durée de deux heures, les besoins de quelque 170 000 foyers, selon l’entreprise.
Ce matin de novembre où Le Monde a visité l’endroit, quelques ouvriers allaient de conteneur en conteneur. Ils travaillaient à l’interverrouillage mécanique, pour empêcher toute électrocution. Egalement de passage, deux Américains tournant une vidéo promotionnelle pour Tesla. Car le constructeur de voitures électriques sait aussi assembler et installer des batteries stationnaires, d’une quarantaine de tonnes chacune. Comme ici, sur ce terrain déjà remblayé, ancien emplacement d’une centrale thermique d’EDF (fioul, gaz, charbon).
Beaucoup plus à l’est, dans le village de Cernay-lès-Reims (Marne), un chantier encore plus imposant est en cours d’achèvement (240 MW de puissance et 480 MWh de capacité de stockage) par TagEnergy, en partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations.
Eviter un black-out
Ces deux sites annoncent un changement d’échelle, et des besoins en forte croissance. Jusque-là, le marché se concentrait surtout autour de petites installations, au nombre de 540 principalement réparties entre NW, TotalEnergies et Amarenco. Fin mai, quelque 1 100 MW de stockage étaient opérationnels en métropole. C’est déjà six fois plus qu’en 2020, selon l’organisation professionnelle France Renouvelables. Et le total pourrait s’élever à 20 000 MW en 2030, d’après un scénario de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, dans son bilan prévisionnel de 2023.
Il vous reste 59.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.




