vendredi, juin 28

Ce jeudi 13 juin, Grégoire Chassaing n’a manifestement pas envie de rester sous le feu roulant des questions de Me Cécile de Oliveira et de Me William Pineau, avocats de la famille de Steve Maia Caniço. Envolée la voix calme et posée de la veille : cette fois, le ton se fait cassant et autoritaire (« Je pense que j’ai été clair hier, je me suis exprimé sur la question », évacue-t-il à plusieurs reprises), et l’effet produit est désastreux.

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Observant que le commissaire exprime un mea culpa pour avoir mis en difficulté ses effectifs, Me William Pineau demande : « Est-ce que vous ressentez des regrets par rapport à la mise en danger qu’a représentée l’action policière placée sous votre commandement pour les danseurs de la dernière heure qui se tenaient quai Wilson ? » La réponse du prévenu fuse, glaciale : « Ce n’est pas l’objet de ce procès, maître. »

L’objet de ce procès consiste à déterminer si le commissaire, toujours très bien noté par sa hiérarchie, a commis des fautes, ou pas, lors de l’intervention qu’il a dirigée, lors de la Fête de la musique 2019 à Nantes, pour faire cesser une soirée électro qui se tenait quai Wilson, site alors dépourvu de la moindre barrière de sécurité sur sa majeure partie. Cette nuit-là, peu après 4 heures, horaire fixé pour la fin des réjouissances, un DJ a relancé la musique, et le climat s’est embrasé en un éclair. Les policiers, qui soutiennent avoir essuyé rapidement « un déluge » de projectiles, ont riposté en déversant une pluie de grenades lacrymogènes, qui a semé la panique. A 4 h 33, Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans sans histoire, s’est noyé dans la Loire.

« Manque de discernement »

Preuve de la confusion de la scène : cinq ans après le drame, le recensement précis du nombre de personnes tombées dans la Loire, tout au long de la nuit et plus spécifiquement durant l’intervention policière, varie encore, aussi bien du côté des autorités que des secouristes. Autre fait inquiétant : le décompte des armes employées – lacrymogènes, grenades de désencerclement, lanceurs de balles de défense – demeure sujet à caution, n’ayant pas fait l’objet de déclarations rigoureuses.

Jacques Schneider, saisi du dossier en tant qu’inspecteur général de l’administration à l’époque, relève « le manque de discernement dans la conduite de l’opération de police à partir de 4 heures du matin » et note : « La solution était de ne pas intervenir de cette manière et d’attendre l’arrivée des CRS en renfort. Il aurait fallu faire comme en 2017. »

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