samedi, octobre 19

Apôtre de la protection animale et du lien hommes-animaux, le vétérinaire Michel Klein, décédé samedi à l’âge de 103 ans, a consacré sa longue vie au service des bêtes en étant le pionnier et le pilier des émissions télévisées spécialisées.

Cet ancien résistant a développé dès son enfance, en Roumanie, un fort intérêt pour le monde animal. Spécialisé dans les opérations de chiens puis d’animaux de zoo et de cirque, il a révolutionné les techniques chirurgicales.

« Je cherche un maître », « Les Animaux du monde », « 30 millions d’amis », chronique animalière pendant 10 ans dans « Le Club Dorothée », « Terre, attention danger »… Il devient dès les années 60 une figure cathodique dans les émissions de sensibilisation à la cause animale.

Proche de Brigitte Bardot, l’auteur du livre « Les Bêtes qui m’ont fait homme » est aussi longtemps le vice-président de la Société protectrice des animaux (SPA), cofonde le Conseil national de la protection animale et est à l’origine, avec le soutien de Jacques Chirac, de la création de l’Ecole des chiens guides pour aveugles et malvoyants de Paris.

Ce petit homme toujours souriant oeuvre aussi en faveur des chiens abandonnés et du tatouage et participe à la rédaction de la première grande loi sur les animaux.

« Tout animal étant un être sensible doit être traité dans les conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce », acte ce texte de 1976.

Né le 19 avril 1921 dans le nord-ouest de la Roumanie, à la frontière ukrainienne, Michel Klein grandit dans les Carpates. Entouré de forêts peuplées d’ours bruns, l’enfant suit ses tantes pour ramasser fraises et framboises, données parfois aux plantigrades pour les apprivoiser.

« J’avais aussi un oncle forestier qui a ramené un loup indonésien. J’ai vécu avec tout petit », racontait-il en 2021 au Point.

– « Pas question de tricher avec les animaux » –

A la fin des années 30, ses parents l’envoient étudier en France. Il est étudiant vétérinaire à Toulouse quand éclate la guerre. A tout juste 20 ans, en avril 1941, il entre dans la Résistance au sein du réseau Prunus, décimé par les Allemands. Lui échappe de peu à l’arrestation, trouvant refuge en Auvergne puis en Espagne.

Ses parents et sa soeur Hélène, Juifs restés en Roumanie, sont eux déportés vers Auschwitz. Seule sa soeur survivra.

Quand il ouvre son cabinet vétérinaire à Paris dans les années 50, ils ne sont que 8 à exercer sur toute la capitale. « On ne soignait pas les chiens, on les laissait crever », rappelait-il.

C’est lui qui met en place en 1960 le premier service de garde pour animaux. Et il innove en installant dans sa clinique vétérinaire de 700 m2 une salle de chirurgie de haute technologie.

Il pratique des anesthésies sur des éléphants et d’autres espèces mais aussi des opérations inédites, comme celle sur une ourse blanche à Thoiry, le parc animalier qu’il a cofondé.

« Tout le monde m’a dit +Tu vas te faire tuer+ mais elle n’a pas bronché. J’ai pu la guérir et, ensuite, dès qu’elle me voyait, elle m’embrassait », racontait-il.

C’est aussi dans les années 60 que le grand public fait la connaissance de ce vétérinaire passionné et truculent qui plaide sans relâche à la télévision et à la radio la cause des animaux.

Comme dans l’émission « Terre, attention danger », qu’il présente sur TF1 avec l’animatrice Dorothée. « Par la faute de l’Homme, de nombreuses espèces animales sont menacées de disparition. Si nous n’y prenons pas garde, un jour c’est l’Homme qui disparaîtra », prophétise le générique.

Michel Klein est parfois raillé par le monde médical quand il vante la télépathie des animaux.

Lui l’assure: « Les animaux, ce n’est pas comme les hommes, pas question de tricher, ils vous reniflent à 10 kilomètres ».

frd/ber/mch/cbn

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